Ce que Kafka aurait pu photographier
Engeland : le titre porte en lui la promesse d’une terre d’anges dépossédés, non de leurs sexes, mais de leurs noms. Sur la couverture, un regard, tourné vers l’au-delà, semé de neige comme des trouées d’absence, évite la silhouette sombre d’un homme sans visage, juché sur un building privé de ses hauteurs. L’absence, comme serment de lecture.
La photographe Fausta K. a construit sa vie et son œuvre autour du vide – celui dans lequel son ami d’enfance, Houdini, est un jour tombé, celui de la disparition progressive de ce jumeau psychique, celui qui hante ses photos taciturnes. Hantée par le manque de celui qui, après son accident, lui a été caché et avec qui elle correspond par fragments jusqu’à ce qu’on lui annonce sa mort, elle cherche, à travers l’art photographique, à exprimer les « raccourcis vers le rien », les « empreintes du silence » qui façonnent sa vie. La photographie est moins, pour elle, l’écriture de la lumière que le révélateur des ombres, des vides solitaires, « paradoxalement saturés de lumière », que tressent nos manques de présence au réel.
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