Je dois être un étrange spécimen. Le livre I du Traité de la Nature Humain, traitant de l'entendement et de la formation des idées se trouve être réduit de moitié par Hume pour cette Enquête sur l'Entendement Humain afin de gagner en accessibilité et d'être bien plus compréhensible. Or, je préfère largement le livre I du Traité.
En effet, l'Enquête apparaît très clairement comme une tentative de réduction. Là où la Dissertation sur les Passions est une synthèse du livre II du Traité, l'Enquête, elle, apparaît comme une version abrégée. On tente de couper tout ce qui n'apparaît pas comme vital, comme nécessaire. Ainsi le texte devient laborieux, compliqué. On perd de vue l'ensemble. On n'a plus accès à l'aspect génial d'innovation et on met même franchement de côté certaines thèses. Le but est d'aller à l'essentiel. Mais Hume oublie lui-même que la beauté de sons système est qu'il est un système. C'est un tout. En nous offrant cette triste réduction, il se trahit et nous donne un os à ronger sans la bonne chaire qu'il avait élaborée.
Le texte paraît fade, si on reconnaîtra sans difficulté d'excellente théorie, on aura un sentiment de non-fini. Un sentiment de manque réel. Le style, également, perd en beauté en efficacité. Alors que c'était justement le but de cette réécriture. La raison en est simple : l'auteur court tout le temps après son propos.
La note peut paraître dure mais, réellement, je ne vois aucune raison de lui mettre plus devant la réécriture fade que l'Enquête propose d'un des plus beaux ouvrages de la philosophie anglaise. Lisez le Traité, vous en ressortirez forcément davantage grandi qu'avec l'Enquête.