On doit déjà à Olivier Norek un premier roman, « Code 93 », remarqué par la critique, puis « Territoires », « Surtensions » qui ont mis en place le Capitaine Coste et son équipe et le dernier en date, « Surface ». Incontestablement, « Entre deux mondes » confirme cet auteur devenu un incontournable dans l’écriture policière. Sans doute parce que, Policier lui-même, il n’invente rien des procédures, il les habille simplement des personnages croisés ci et là qu’il réunit en une seule histoire pour les besoins de l’enquête. Il est aussi indispensable parce qu’il nous oblige à chausser une paire de lunettes à double foyer. L’un pour voir au loin les dérèglements du monde qui engendrent les migrations. L’autre, pour voir de près, très près, la réalité des gens de chez nous qui, à la fois supportent les conséquences économiques, sécuritaires et psychologiques d’une jungle comme Calais et qui, pour certains et malgré ces dernières, se mobilisent, malgré cette zone de non-droit, pour aider ceux qui y survivent et leur offrir un minimum de dignité.
On lit donc « Entre deux mondes » pour l’excellent polar qu’il est mais aussi pour la réflexion humanitaire qu’il apporte. Le lecteur a dans les mains un livre fort, noir, violent, réaliste, le témoignage qu’un espace de tendresse est possible pour faire renaître les fleurs d’espérance dont nos dunes ont tant besoin.
L’écriture de Olivier Norek est directe, simple, efficace. Elle soutient parfaitement le rythme tantôt haletant du thriller qui voit se précipiter les menaces, les orages, les coups durs et les représailles qui le sont tout autant, tantôt plus lent, comme étirant le temps long de l’attente d’un changement espéré, d’une réponse qui confinerait au rêve secret qu’on ose formuler.
Loin de tout manichéisme de mauvais alois, Olivier Norek signe, avec « Entre deux mondes », un thriller palpitant autant qu’une chronique de notre temps. Un auteur à découvrir et à suivre, assurément. « Surface » (2019) est sur ma pile !