Dans un exercice bien connu des français, Richard Ford, tel Marcel Pagnol, croque son père et sa mère.
Certes, l'américain n'a pas la truculence de l'écrivain d'Aubagne.
L'Arkansas ou le Mississippi sont visiblement moins poétiques que la Provence.
Il n'empêche.
Page après page, je me surpris à prendre plaisir en découvrant de sympathiques et mélancoliques tableaux familiaux.
L'auteur américain ressentait et ressent toujours de l'amour pour ses parents.
Cela se sent aux images souvenirs qu'il nous présente.
Honnêtes, fidèles tout en étant bienveillantes, attendrissantes.
Il propose donc ni plus ni moins de nous faire profiter de ce shoot d'amour.
Le livre - composé de 2 parties dédiées à chacun de ses parents - se lit donc aisément.
La maitrise littéraire est totale.
En lieu et place d'émotions fortes, Richard Ford joue sur les nuances pour proposer :
- des champs lexicaux choisis avec soin pour assurer la fluidité ;
- une construction des phrases tout en simplicité ;
- un ordonnancement travaillé pour générer l'attente des anecdotes suivantes, sans surjouer ;
- des interpellations subtiles du lecteur pour créer de la connivence...
Bref un livre pour les amateurs des écritures posées et maitrisées.
Peu de sujets de fond mais une lecture plaisir qui se présente comme un miroir pour nous aider mieux observer les liens que nous avons avec nos propres parents.
Une sorte de feel good book porté par un talent littéraire à la production trop rare.