Horace,
tes lettres ont mis deux millénaires à me joindre. Leur vivacité prouve que tu es plus vivant que jamais. Joyeux compère, ton humour touche juste !
"Aucun poème ne peut plaire ni vivre longtemps s'il est écrit par un buveur d'eau".
"Tu pourrais venir voir en moi un homme bien gras, luisant, bien soigné, quand tu voudras rire ; un vrai porc du troupeau d'Epicure".
Quand tu notes : "Tu diras que moi, fils d'affranchi et peu fortuné, j'ai déployé des ailes plus grandes que ne l'était mon nid", je crains l'enflure du bulbe.
Comment ? Un poète de grande classe - jouer au philosophe ?
"Si le vase n'est pas pur, tout ce qu'on y verse aigrit".
"Celui qui ajourne le moment de bien vivre, attend comme les paysans que la rivière ait fini de couler".
"Fuyez la volupté : elle est un mal, si elle coûte un regret. L'avare est toujours pauvre : bornez sagement vos désirs".
Tes conseils de sagesse, entre épicurisme et stoïcisme, respirent l'idéal d'une morale pratique du juste milieu.
"Soyez content de votre sort, ami, c'est là la sagesse ; et grondez-moi sans pitié si jamais je sacrifie mon repos pour amasser plus que le nécessaire. L'argent qu'on entasse, voyez-vous ? c'est un tyran ou un esclave ; or, c'est à lui d'obéir et non pas de commander".
L'équilibre, me diras-tu ? Et pourquoi pas l'harmonie avec les lois cosmiques ?
"Courir au-delà des mers, c'est changer de ciel et non pas d'humeur. Stérile agitation que la nôtre ! Sur les flots, sur les grands chemins, nous poursuivons le bonheur. Mais il est ici le bonheur".