Nous toutes

Quand je pense à l’effet que produirait un tel essai s’il sortait aujourd’hui, dans cet Occident dominé à 95% par les femmes, je m’esclaffe. Censure, condamnation, peine de mort, adaptation en série Netflix.

Là où voit que que société a profondément changé depuis 1831, c’est que, de nos jours, personne n’oserait ne serait-ce que penser ce que Schopenhauer a écrit et fait publier à l’époque. Enfin, ils pourraient le penser, mais leur consience, conséquence psychique et morale de cette société féminisée, agirait en juge impitoyable et annihilerait aussitôt ce genre de pensées avant d’insuffler de puissants remords culpabilisants à l’hôte.

Le comportement des femmes est sans doute la chose qui me facsine le plus au monde, et c’est l’une des deux causes principales de mon hétérosexualité, l’autre étant, comme il le dira dans son essai, la beauté, la grâce et la perfection extraordinaire dont la nature les pare pendant de rapides années d’éclat.

Alors oui, dire que les femmes sont nées pour obéir aux hommes, c’est très misogyne, ça sent la frustration et la haine pure, mais est-ce que cette assertion minable invalide tout le texte de Schopenhauer pour autant ?

Est-ce que les femmes ne se haïssent pas entre elles naturellement ? On connait tous des femmes qui se sont brouillées pour des raisons qui échappent aux hommes, des histoires de filles comme elles le disent elles-mêmes. Une femme regardera toujours une autre femme différement qu’elle regarde un homme, surtout si la femme en face d’elle est belle. Il y a un indéniable jugement interféminin qui s’opère.

Est-ce qu’une femme ne jouit pas de la possibilité d’accéder au pouvoir simplement en séduisant un homme puissant et en devenant sa moitié ? Je me demande ce qu’il penserait aujourd’hui avec les femmes de footballeurs…

N’est-il pas insupportable de voir le traitement qu’une femme de classe supérieur fait subir à une femme de classe inférieur ? C’est parce que la première sait que la deuxième, si elle a un physique grâcieux, peut lui ravir sa place en séduisant son homme. Elle le sait, et elle sait que la femme inférieure le sait, d’où sa cruauté.

C’est pour ça que les filles sont jalouses et possessives avec leurs hommes quand apparaît une bombasse, et qu’elle sont indifférentes ou affables car rassurées quand apparaît un laideron.

A-t-il tort quand il dit qu’ « à l’opéra ou à la comédie, de remarquer le sans façon avec lequel, aux plus beaux endroits des plus grands chefs-d’œuvre, elles continuent leur caquetage. »
Bon là, oui, il a tort, beaucoup de femmes sont silencieuses et sensibles à l’art, et les hommes aussi peuvent caqueter insupportablement à l’opéra, le sexe n’a rien à voir là-dedans, il s’agit plutôt de capital culturel, mais cette phrase m’a fait rire, j’imagine bien Schopenhauer s’indigner en silence sur son siège à l’opéra en étant dérangé par le caquetage de deux copines et fermeneter sa colère au point de se dire : « Ah ça oui, je vais le mettre dans mon essai !! ».

Bref, je vais pas m’attarder sur tous les points, même si c’est un sujet qui me passionne, mais l’exemple cité juste au-dessus permet de bien résumer l’essai : Schopenhauer s’attarde sur des archétypes, pas sur toutes les femmes du monde prises individuellement, car ce serait impossible. Il a vu des choses qui l’énervait à travers leur comportement, leur manières et leur desseins s’est servi de la colère qui s’agitait en lui pour pondre son essai.

Mais il n’est pas si démoniaque ! Il déplore même le nombre impressionnant de prostituées et l’explique par les méfaits de la monogamie, système matriarcal où une femme choisie vit la vie qu’auraient aimé vivre mille femmes rejetées. L’élue vit dans l’opulence et les pestiférées dans la misère, ce qui n’arriverait pas avec la polygamie !

Schopenhauer théorise l’infériorité de la femme face à l’homme, si sur le plan physique, on peut lui donner raison (même si certains ne l’acceptent pas encore, mais je sais que c’est dur quand on a de la fierté), sur le plan de l’intelligence, c’est bien plus discutable. L’éducation et l’accès à la culture sont des facteurs bien plus pertinents que le sexe lui-même.

Mais sur la maturité plus précoce des femmes, difficile ce lui donner tort.
Les femmes sont effet très matures à un jeune âge alors que les hommes restent des béotiens immensément bêtes et égrillard pendant très longtemps.

Et quand il explique que c’est ce qui engendre leur propention à garder un esprit d’enfant car elles arrêtent également de mûrir plus jeune, eh bien c’est vrai. Oui, elles ont toujours ce côté naïf qui les pousse à aimer la Terre entière et à excuser tous les délinquants, elles ont cette candeur qui les font tomber des nues à chaque fois qu’elles se rendent compte que la vie n’est pas toute rose. Quoique, le parcours de vie entre aussi en jeu.

Puis quand il dit qu’elles ne pensent pas en tant qu’individus mais en tant qu’espèce entière porteuse de vie (tout en s’attardant sur le mépris que subissent celles qui trahissent l’espèce en se livrant à l’adultère), eh bien il a raison aussi. Aujourd’hui plus que jamais, les femmes se revendiquent en tant que femmes, en tant que membres de l’espèce qui donne la vie plutôt qu’en tant que personne unique. Il n’y a qu’à voir tous les collectifs féminins qui bourgeonnent dans les arts, la culture et la société en général en louant la sororité. Cette revendication est d’ailleurs en opposition avec leurs idées égalitaires, car en agissant avec cet esprit communautaire, elles tracent une frontière nette entre les hommes et elles, l’inverse d’une démarche égalitaire.

D’ailleurs, tous ceux qui encensent les femmes qui réussissent en disant « première femme à réussir ceci, première femme à devenir cela », ben ils donnent raison à Schopenhauer sur l’infériorité innée en fait, puisqu’en faisant passer les réussites des femmes pour des exploits, ils légitiment son point de vue.
Si on encense, c’est qu’on pense que l’être inférieur a battu l’être supérieur.

Pour finir, je ne considère pas les femmes comme juste bonnes à obéir, ne fustige encore moins leurs différences, et ne m’opposerai jamais à leur comportement qui me facsine et me charme. J’ai aimé ressentir ce ressentiment pur de Schopenhauer à travers le texte, on sent un vieux bonhomme, tout philosophe majeur qu’il est, se laisser dompter par son aigreur en couchant sur papier des comportements féminins qui l’agaçent profondément pour en faire une généralité sous forme d’essai.

Merci Arthur.