Il paraîtrait que l'on n'a pas le droit de critiquer un auteur que l'on n'a pas lu, que c'est pas bien. Pourtant, avant de lire en entier* ce premier roman, je savais déjà que c'était mauvais stylistiquement et narrativement. Ma lecture n'a fait que le confirmer.
Le principal défaut: ce n'est pas écrit. On a une suite de mots qui forme une suite de phrases qui forme une suite de paragraphes qui forme une suite de chapitres. Tout est d'une extrême platitude même lorsqu'il se risque à se la jouer poète.
Musso a le super-pouvoir d'écrire les actions et les pensées les moins pertinentes, à chaque fois je me demandais pourquoi il s'attardait sur telle ou telle chose tant il échouait à m'intriguer un tant soit peu.
La cohérence interne n'est pas non plus son problème. On a affaire à un couple divorcé mais il s'acharne à utiliser "sa femme". Ca pourrait être compréhensible lorsqu'on est du point de vue du protagoniste qui refuse d'accepter cette réalité** mais ça l'est nettement moins lorsqu'il s'agit d'autres personnages. Il n'y a qu'à la fin, lorsque le couple se remet ensemble, qu'un personnage parle d'ex-femme.
L'utilisation de termes étrangers pour se la jouer est pathétique. Lors du choix du prénom pour la gamine, le père veut un truc comme Bonita parce qu'il veut un truc qui sonne comme "bonheur". Pas de bol, en italien ça veut dire "jolie". Mais comme Bonnie sonne mieux pour bonheur en français, on s'en fout !
Je sais que c'est périphérique à ce niveau mais c'est la première fois que je vois un auteur expliquer ses références. Un chien s'appelle Cujo. Soit vous savez d'où le nom vient, soit non. Que vous ne le sachiez pas ne nuit pas à l'intrigue. Mais Musso se fend d'une note de bas de page*** pour préciser d'où ce nom provient et pourquoi il l'utilise.
La réelle prouesse vient de l'éditeur. En lisant un manuscrit qui devait être encore pire que le produit final, il a su y déceler le potentiel commercial. J'avoue que j'en ai été incapable, me demandant sans cesse à qui pouvait s'adresser cette histoire, qui ça pouvait bien intéresser. Plus de 2 millions de personnes quand même, ce qui montre à quel point l'édition est un métier, une industrie.
*oui, je précise car ça a été une épreuve
**mais qui le fait passer pour un connard égocentrique fini alors que Musso essaye de nous faire avoir de l'empathie pour lui
***parce que ça doit faire classe, j'imagine