Les lignes vertes des appareils qui accompagnent le coma de Julia tressautent parfois lorsque la voix de Marc prononce un mot, un nom qui s'insinue dans les tréfonds d'un cerveau endormi et réveille mystérieusement un semblant de vie. Version masculine de Shéhérazade, cet écrivain vieillissant, accompagne la jeune femme dont il est éperdument amoureux en tentant de la réveiller avec des histoires que leur relation clandestine n'ont jamais cessé de créer au fil de rendez-vous alliant passion charnelle et amour des intrigues romanesques. Profitant de cette enveloppe intime qu'est la nuit, les histoires inventées en des temps plus heureux vont revivre, s'étoffer, s'enchevêtrer, pour tisser un roman où fiction et réalité se mêleront avec élégance.
Jean-Marie Laclavetine, avec une impressionnante facilité d'écriture, nous embarque dans un tourbillon d'histoires où la notion de couple sera empoignée avec ferveur, malaxée, malmenée mais aussi glorifiée, surtout lorsqu'elle sort des sentiers battus de la fidélité et du mariage. Amours, passionnelles, violentes, inabouties lorsque le désir d'enfants s'en mêle, mais amours toujours et sous tous les modes de la narration. Romantiques, teintées d'érotisme mais aussi d'ironie, façon thriller ou récit d'aventure, les relations à deux dépeintes nous embarquent jusqu'au bout de la nuit. Même si dans cet entrelacs de récits, celui sur la vengeance serbe sur fond de grève générale et de semi guerre civile m'a un peu moins passionné et convaincu, l'ensemble se dévore avec ferveur car Jean-Marie Laclavetine est un conteur aussi facétieux que talentueux. Il manie, verbe et intrigues avec un bonheur jubilatoire, en grand amoureux des livres et du plaisir de lire qu'il rend très sensuel dans sa relation avec Julia.
Le livre refermé je n'ai pu m'empêcher de repenser à un autre roman, du même éditeur et sorti le même jour : "Celle que vous croyez" de Camille Laurens qui lui aussi, jouait sur un même thème, celui des récits enchâssés.
La fin sur le blog
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