Daisuke est un jeune homme oisif, vivant des rentes que lui verse son paternel, préférant ne pas travailler, ne pas se marier. Il est analytique à l'excès, vit d'échappatoire, se laisse porter par le flot intarissable des impressions qu'il ressent à chaque occasion. Mais alors que la pression familiale et sociale s'accentue quant à l'éventualité de le marier, il tombe petit à petit amoureux de la femme d'un ami. Choc bouleversant pour un être jusque là en total contrôle de ses émotions.
Sôseki parvient une nouvelle fois à élever la littérature au rang d'art propice à analyser la nature humaine, ses tourments, ses changements. Ici l'abrasion des certitudes du jeune homme se dévoile petit à petit, lui si sûr de son cheminement jusque là, jusqu'à en paraître insolent avec ses proches. Il se découvre à la merci d'un amour grandissant qui va devenir obsessionnel et passionné. Daisuke en vient à se questionner, sur l'attitude à observer, sur les choix à effectuer. V-t-il faire du mal à son ami, à sa bien aimée, à son père, à son frère et sa famille ?
Il comprend que sa vie a un impact sur celles des autres, lui qui vivait dans une sorte autarcie émotionnelle et sentimentale. Sôseki explore les rapport humains et notamment ceux d'une famille respectable qui voit son déclin arriver dans une société japonaise en grande évolution (un thème que l'on retrouve dans la plupart des romans du génial auteur).
Tout est fin, tout est beau, tant dans le style que dans la recherche permanente de la juste sensation. Et cette fin littéralement suffocante !
Encore une grande œuvre décidément, peut-être la meilleure avec Oreiller d'herbe, qui m'aura presque fait verser des larmes, en tout cas qui m'aura laissé dans un drôle d'état.