Et quelquefois j'ai comme une grande idée par Rasp
On le voit venir, avec son style très spontané et ses accents oralisants qui cadrent parfaitement avec l'idée qu'on se fait du style d'un écrivain beatnik, et en parcourant la 4ème de couverture on se dit que ce type-là aurait dû choisir un sujet comme le jazz, le sexe, l'ivresse ou le vagabondage, quelque chose d'un tant soit peu autobiographique car enfin, ça ne sait pas vraiment écrire, un beatnik, ça sait témoigner, ça sait partager une expérience à rebours de l'idéal bourgeois, ça sait émouvoir à défaut de convaincre – les seuls que ça convainc, ce sont les adolescents et les marginaux –, mais construire une intrigue, avoir un projet narratif ambitieux, tenir un cap romanesque pendant 800 pages, ça ne sait pas faire, regardez Burroughs, ses amis ont dû assembler comme ils ont pu ses fragments quasi illisibles du "Festin nu", regardez Kerouac et les « répétitions » de "Sur La Route".
A tous les détracteurs de la Beat Generation, Kesey répond par un récit puissant doté d'une narration d'une étonnante complexité. La manière dont il jongle avec les points de vue séduit. Comment un vingtenaire amateur de LSD et de peinture fluorescente a-t-il pu produire un texte pareil, comment a-t-il réussi à pasticher Faulkner sans se faire dévorer par lui, d'où lui est venue l'inspiration de ce courant de conscience tumultueux qui enfle de chapitre en chapitre ?
J'aimerais bien voir l'adaptation de Paul Newman avec Henry Fonda (et Paul Newman hem).