Cults accross America

Après deux romans très réussis, Cédric Ferrand nous revient avec le premier tome d'une nouvelle série d'inspiration feuilletonesque et lovecraftienne se déroulant dans les années 30.

La composante feuilletonesque nous est précisé dés le sous-titre, qui précise : "une étrange aventure de Sachem Blight et Oxiline". La composante lovecraftienne est elle plus ténue, et pourra même échapper aux lecteurs les moins avertis, heureusement sans nuire à la compréhension du récit puisqu'il s'agit avant tout d'un vernis narratif, et pas du cœur de l'intrigue.

Donc pour faire court, Sachem Blight est un jeune homme aventureux spécialisé dans la localisation et le sauvetage de fils et filles à papa qui, par goût du risque, simple crise contre l'autorité familialle ou lubies d'enfants gâté(e)s , vont se perdre dans des zones sauvages ou, pour reprendre des termes d'époque, fort peu civilisées.

L'histoire qui nous occupe ne va pourtant pas se dérouler dans un lieu très exotique (encore que), ni sauvage (quoiqu'en y regardant mieux...) puisque Sachem va mener son enquête à Montréal, en quête d'un jeune homme qui a fuit le foyer paternel.

En chemin, il se retrouve accompagnée de sa demi-sœur (qu'il n'a jamais rencontré) dont il est désormais l'unique parent susceptible de la prendre en charge puisqu'elle n'est pas majeure.

Le duo fonctionne à merveille, entre un Sachem anglophone, devant s'en remettre à sa demi-sœur pour parler avec les francophones locaux et ne sachant trop comment se comporter avec elle et une Oxiline curieuse, qui idéalise le travail d'investigateur de son frère et qui prend facilement la mouche.

Le récit est plaisant, mouvementé, mais aussi un brin humoristique, les bisbilles entre anglophones et francophones donnant lieu à quelques morceaux de bravoure. Cependant qu'on ne s'y trompe pas, la noirceur est là aussi, tapie dans l'ombre, toujours prête à ressurgir, et contrastant d'autant plus violemment que le reste du roman adopte un ton plus léger.

Le côté feuilleton / pulp est très bien exploité, et je le confesse, je lirai avec plaisir une prochaine "étrange aventure de Sachem et Oxiline".