Par une fulgurance, l’envie de lire Eugène Onéguine m’est venu. C’était maintenant, c’était tout de suite et ça ne pouvait plus attendre. Pourquoi à mes 22 ans et 6 mois de vie, il ne me semblait plus possible de vivre sans ?
Ne pensez pas que j’ai sauté pieds joints dans la première librairie venue. J’aime trop céder à mes caprices pour écouter les premiers venus. Quand après une semaine, il me hantait toujours, je le plaçais sur la liste prioritaire des livres à lire, entre Erasme et Rousseau. Puis, il m’a semblé voir des références partout à Pouchkine : dans le livre que je lisais, sur une affiche dans un bar. Et enfin, voilà même que dans mes nuits, je commençais à lire Eugène Onéguine. Il ne m’en a pas fallu plus.
Tel Hannibal Barca, j’y vis le message de Jupiter et, cette fois-ci, sauta pieds joints dans la première librairie. J’arrêtais toute autre lecture et ouvris la première page du livre ; ce livre qui a dirigé toute la littérature russe après lui. Voici ce que j’y découvris.
•
J’y découvris le monde, chanté en vers.
J’y vis la belle poésie après Homère
Et, le spleen avant Baudelaire.
J’y pleurais sur les petits amours éphémères
Et, les grands qui ne se rencontrent guères.
J’y regardais, dans Tatiana, mon vague reflet.
J’y contemplais la profondeur de la simplicité
Et, l’élégance de la légèreté
Je m’y sentis bercée par un souffle printanier,
Et, une brise balayant la gaîté.
J’y retournerai.