Belfast and Furious
Belfast brûle. Incendiée par la haine, embrumée par la poussière des gravats de bâtiments plastiqués, elle regorge de conflits, de désaccords, de coups. Elle pullule de règlements de compte, de...
Par
le 3 juil. 2016
40 j'aime
7
ou "Avenue de la république" à la place de "Coronation Street" si vous voulez
Claude Lelouch présente un film qui célèbre la paix et la relance de l'économie irlandaise, avec :
Gérard Lanvin dans le rôle du bad boy serial lover, fruste et attentionné, violent et tendre
et dans son propre rôle de "prolo" affable devenu riche par le pouvoir de la gouaille et de la magouille : Bernard Tapie
Jamais carrière littéraire aura mieux laissé voir ses motivations libidineuses. Les lectrices assimileront facilement l'auteur au narrateur et personnage principal, en quête de rédemption et dégobillant de bons sentiments.
De la bande de célibataires dublinois (ah c'est Belfast, désolé) sélectionnés, le récit choisit les deux seuls qui vont se trouver une nana - non seulement ça, mais notre Bernard Tapie se trouve une belle américaine alors qu'il est encore gras et pauvre - ça finira même en mariage avec enfant (parce que nos héros aiment les gosses en plus) dans une glorieuse exaltation de l'amour filial, homosexuel, intercommunautaire, oecuménique et cosmopolite - et une farouche dénonciation du terrorisme, de la violence, des racistes, des fanatiques et des bourreaux d'enfants.
Au moment de ma lecture où j'étais définitivement persuadé que je lisais de la soupe à l'eau de rose ponctuée de remarques assez justes (mais jamais drôles) sur la vie, un bâton de dynamite est tombé dans l'assiette pour tout éclabousser. Cette irruption de "violence graphique" interrompit le ronronnement du récit, ajoutant un supplément d'âme au livre, et fit honneur à son époque, les dynamiques années 80 - pas de bonne histoire sans explosions!
Le nouement final qui accomplit le miracle de l'amour, c'est notre pauvre Timmy (1), heu plutôt Gavroche quand même, qui s'étant fait tabasser par les méchants nationalistes violents (2) pour avoir pissé dans leur voiture, finit par la grâce de ses os brisés à bouleverser la jeune et jolie irlandaise à gros seins fanatique (3) qui renie ses fausses idôles et tombe dans les bras du narrateur (4) en quête de love depuis la page 1.
Et les talents d'arnaqueur de Bernard tapie leurs permirent de vivre tous heureux longtemps et d'avoir de nombreux enfants, c'était vraiment Noel à la trinité.
Je crois qu'ils achètent un yacht à la fin.
Mais quand même, j'en avais rien à battre de la success story du self made con man, dénonciation des mirages des années 80 ou pas.
Créée
le 10 juil. 2020
Critique lue 325 fois
5 j'aime
13 commentaires
D'autres avis sur Eureka Street
Belfast brûle. Incendiée par la haine, embrumée par la poussière des gravats de bâtiments plastiqués, elle regorge de conflits, de désaccords, de coups. Elle pullule de règlements de compte, de...
Par
le 3 juil. 2016
40 j'aime
7
Comment parler d'un très grand livre ? En proposant un compte - rendu exhaustif de ses qualités ? En rendant hommage, dans un mouvement de gratitude éternelle, à celui qui vous a permis de le voir...
le 14 août 2016
21 j'aime
12
Parmi les plus grands romans de ces dernières décennies, dont l'auteur ne s'est lui-même pas remis puisqu'on attend depuis quinze ans qu'il publie un nouvel opus. C'est foisonnant, choral, drôle,...
le 30 juil. 2013
15 j'aime
2
Du même critique
**Pinacle tragique des X-men de Chris Claremont, inaugurant une vague de débauchages anglais par l'écurie Marvel, la transformation de Jean Grey en Phénix Noir et la mort de l'Elektra du Daredevil de...
Par
le 5 juin 2019
51 j'aime
55
Ari Aster continue d'exploser les limites du genre horrifique. Il propose un renversement de perspective, une expérience psychédélique et philosophique. Son but est de nous faire entrer dans la peau...
Par
le 1 août 2019
43 j'aime
127
Pourquoi consacrer une critique à une série éminemment dispensable ? Pour régler des comptes, je suppose. Je suis resté collé devant pendant 6 saisons. Pourtant, j'avais bien remarqué qu'elle ne...
Par
le 13 mars 2018
32 j'aime
34