Grandiose !
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le 30 janv. 2023
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j'avoue c'est méchant mais c'est vraiment le sentiment que me laisse cette lecture. On a envie d'y croire, j'ai d'ailleurs acheté ce bouquin les yeux fermé tant le pitch paraissait prometteur et puis en fait, non, rien ne vient, tout est superficiel et on peine à trouver de l'épaisseur ailleurs que dans la grosseur du livre lui même. Evidemment on pense au magnifique " Les dépossédés" de Le Guin et à la virtuosité avec laquelle, en deux fois moins de pages, l'autrice arrive à percuter notre imagination, à nous faire aimer ce mec qui nous décrit son monde sans pour autant en faire des caisses et sans jamais sacrifier la complexité et le tragique des rapport sociaux sur l'autel de l'utopie sociale.
Ici rien de tout ça, on se balade dans une sorte de festival néo-hippie sans saveur, dont les enjeux péniblement mis en scène par l'auteur semblent toujours étrangement naïfs, étrangement vides, étrangement plats… on se fade un nombre incroyable de détails sans importances, de débats banalement philosophiques et pourtant jamais ce monde que l'auteur a tenté si laborieusement de créer n'est arrivé à secouer cette impression de toc et ce sentiment d'ennui.
Parce qu'en fait on (je) n'y crois jamais et cela tient peut être autant de cette espèce d'indistinction dans le style (à la fois romanesque, introspectif, essai philosophique, roman initiatique, manifeste libertaire...sans jamais arriver à être quoique ce soit de tout cela) et au manque cruel d'enjeux, de tragique, de force.
A défaut de tout ça on aurait aimé (presque préféré) avoir de quoi se mettre sous la dent en terme de proposition politique, techniques, de problématisation induites par la construction de cet univers alternatif, mais là pareil, tout les lièvres qui sont levés se révèlent de désespérantes caricatures de parties de chasses qu'on a déjà vu ailleurs, en mieux.
Les rares fois où l'auteur esquisse une plongée un peu détaillée dans un aspect de son univers il s'arrête en chemin et nous perd dans un gloubi-boulga pseudo conceptuel qui finalement tient lieu de background.
- Qui sont les Antoniens ? Des gens vachement gentil qui fument des joints et se font des bisous.
- Comment est ce qu'ils gèrent les conflits ? Bé ils sont gentils alors y a pas beaucoup de conflits et quand il y en a ça se fini bien.
- Comment est ce qu'ils gèrent le fait d'avoir une population qui décroît avec leur règle chelou de 0.5 enfant par personne (et sans contrainte hein, parce que tout le monde est gentil souvenez vous) et qui doit donc compter trois fois plus d'EHPAD que d'école primaire ? heu...je crois que l'auteur y a pas pensé. Il faut dire qu'il a tout donné sur les idées de Friot, en terme de prospective sociale il était déjà taquet. D'ailleurs quelle pauvreté dans le développement des idées de Friot ! Les caisses d'investissements, l'échelle des salaires, l'avancement...tout se passe comme pour l'organisation d'une soirée BDE : "chill man, on a le temps". La blague.
- L'énergie ? Bé y a bien un moment où ils vont tous démonter des éoliennes et où l'auteur écrit deux lignes sur l'enjeu du remplacement de cette source d'énergie dont les protagoniste sont en train de se priver mais pouf ! on en saura pas plus vu qu'apparemment c'est beaucoup plus intéressant de triper sur des considérations sensualiste à base de monde dans un verre de bière (je déconne même pas) que de savoir comment les gens s'éclairent.
- Et le reste du monde il est où ? Genre les propriétaristes ils sont tous morts ? Parti ? En vacances ? Moi je veux bien tout accepter, même le pays imaginaire (comme dans "Voyage en misarchie" un VRAI livre d'invention utopiste ambitieux et intéressant) mais au moins qu'on prenne la peine de m'expliquer. Le coup de l'ellipse civilisationnelle j'ai trouvé ça fainéant. Et l'escapade chez les Acrates histoire de nous assommer avec un compte rendu ethnographique pour L2 d'anthropo complètement hors sujet. Et énervant.
Du coup c'est un peu pareil pour tout les sujets du bouquin : dès que ça commence à devenir sérieux (et donc intéressant) l'auteur se repli sur sa zone de confort : les petits plaisirs du quotidien, les menus des restaurants, les joints, la bière, l'amour, la vie, la vraie.
Dommage donc même si peut être que j'attendais trop de ce livre. Je suis sûr que d'autre lecteurs (certainement moins grincheux) y trouverons ce que moi je n'y cherchais pas et seront moins irrité par cette ambiance d'utopie adolescente si peu à la hauteur du sérieux qu'elle semblait pourtant vouloir se donner.
Créée
le 2 avr. 2023
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