Existence est un roman de grande ampleur, mais dont la vue d’ensemble peut être difficile à cause d’une sorte de « vague complexité » du monde présenté.
Celui-ci est une Humanité qui peine à vraiment progresser, ou à trouver son équilibre (politiquement, écologiquement, socialement, technologiquement, et surtout « humainement »). Le monde et la société mondiale sont à la fois globalisés et extrêmement morcelés, verticalement. Les quelques prémisses idéologico-politique sont intrigantes (avec le retour de l’aristocratie et d’un système de castes, des groupes de croyances, etc.) mais parfois peu claires et sans doute sous exploitées.
Quelques bonnes trouvailles (la notion e-ssaim sur l’intelligence collective notamment, sur la place des différents « types » etc.), et bien sûr les approches parfois assez ludiques du paradoxe de Fermi rendent le roman étonnant et presque fascinant.
C’est aussi un roman chorale puisqu’on suit une ribambelle de personnages (plus ou moins bien travaillés) dont certains sont presque abandonnés abruptement en cours de route, ce qui est dommage puisque « l’Humanité » est l’objet principal du livre. De mon point de vue, il manque un vrai traitement approfondi des humanités à travers ces personnages (tout un pan sur les « autistes », les Néandertaliens et d’autres formes d’humains est un peu laissé de côté).
Dans ce foisonnement d’idées lancées ou abordées certaines paraissent au contraire superflues et rendent le roman parfois confus ou laborieux (notamment certains encarts se révélant parfois rébarbatifs).
Néanmoins le travail colossale de Brin, le sense of wonder (surtout dans les dernières parties), l’IA en veux-tu en voilà, place ce roman entre Accelerando et Un Feu sur l’abîme, et mérite sa place dans les œuvres marquantes du genre. Très bon !