Voici un roman au titre mystérieux qui dévoile sur sa couverture une fillette assise sur les marches brûlées de soleil d'un parc. Il n'en a pas fallu plus pour me projeter en pensée dans la campagne anglaise, au sein d'une demeure figée dans ses traditions et son mobilier.
Et bien, je n'étais pas loin de la vérité.
Campagne anglaise, oui.
Gentry anglaise, oui.
Jardin à l'anglaise, oui.
Traditions, oui.
Bien qu'en cet an de grâce 1935, ces dernières soient écornées et achèvent de consommer le changement survenu pendant et à l'issue de la Première Guerre mondiale : les filles de la maison ont coupé leurs cheveux et plongent dans la piscine, les jeunes femmes fument et vont à l'université. Sous la canicule de cet été meurtrier, Briony, une jeune personne de treize ans, semble bien gonflée de son importance. Encouragée dans sa vanité, elle décide que seul le métier d'écrivain peut mettre en lumière son extraordinaire imagination et c'est en vrai tyran qu'elle se laisse mener par elle, au point de bouleverser à jamais les destins de ses proches.
Le pitch est très loin de révéler toute la complexité psychologique très fine qui structure ce roman tel un puzzle. La première partie est un huis-clos que n'aurait pas renié la Reine du Crime, la so british Agatha Christie. C'est la partie que j'ai le plus appréciée. Il n'y a pas que la chaleur qui oppresse, l'auteur communique avec talent à ses lecteurs le malaise qu'il installe page après page entre les murs de la riche demeure dans laquelle s'agitent les domestiques et où les maîtres périssent d'oisiveté. Dans cette première partie, l'auteur suit le point de vue de tous les protagonistes ; système de narration qu'il abandonnera hélas dès la seconde partie.
On passe alors de l'atmosphère d'un thriller à celle d'un récit de guerre, témoin des drames humains sans nombre de la période. La Seconde Guerre mondiale a éclaté et l'auteur nous fait vivre la terrible retraite de Dunkerque. le récit se concentre alors sur deux personnages et non plus sur une galerie ; c'est presque un second roman que l'on découvre, passant du crime à la quête de rédemption, pour finir par l'expiation qui donne son nom au livre.
Un beau roman construit de manière originale et qui m'aura bien embarquée malgré sa noirceur et sa violence. L'adaptation de Joe Wright (à qui l'on doit également celle d'"Orgueil et Préjugés" en 2005) ne m'a pas entièrement convaincue, bien qu'elle soit très fidèle au roman. Je n'en retiendrai que l'esthétisme des années 30 très bien rendu et le jeu délicat de Keira Knightley.