Linz, avocat mal vu du régime, est enfermé arbitrairement dans la prison de Schendorff, mastodonte pénitentiaire d’un État totalitaire d’un nouveau genre, fondé sur la « séparation préventive » des asociaux, repérés puis enfermés dès leur plus jeune âge. Il ignore qu’il n’est qu’un rouage au sein d’un plan insensé mis en œuvre par F., un faux détenu travaillant en réalité pour le tout-puissant Ministère des Libertés et des privations publiques... Sous la double influence de Borges et de Kafka, ce premier roman extrêmement maitrisé, au style d’une grande élégance littéraire, concis, serré, presque clinique, se présente comme une exploration vertigineuse centrée sur le thème du faux et du factice. (Présentation éditeur).
Trois parties, chacune centrée sur un personnage, qui dévoilent chacune un pan de la réalité mouvante de cette histoire.
Il y a d’abord Linz, avocat, emprisonné pour un crime dont il ne se rappelle pas, qui vit le quotidien de cette prison kafkaïenne.
Il y a ensuite Boehm, directeur fantoche, victime lui aussi des manipulations du Ministère et de F.
Enfin il y a F., grand manipulateur sans doute aussi manipulé par ce système absurde.
L’entrée dans le roman est lente, on se demande ce qui relie toutes les scènes surréalistes que vit Linz. Puis une intrigue se dévoile peu à peu, captant l’intérêt du lecteur alors que les masques tombent. Aucun personnage ne semble être réellement celui que l’on croyait, et pourtant aucun ne semble à l’abri de l’absurdité qui semble régner dans cet univers. La fin, si elle dévoile un certain nombre d’éléments, pose finalement plus de questions qu’elle n’en résout.
Au final, la lecture de ce court roman est agréable, mais la fin est relativement décevante. Et surtout, il manque un petit quelque chose qui donne vraiment de l’ampleur à tout ça ; qui fasse sortir l’histoire du lot.
Pas désagréable donc, mais pas indispensable non plus.