On suit du début à la fin les tourments de Montag, l’élu, qui, dans cette cité dystopique parvient à sortir de la matrice, à s’extirper de l’endoctrinement dont toute la société est victime.
Le personnage de Montag est particulièrement intéressant pour ses contradictions.
Son métier, qui contribue à la terreur et à la destruction culturelle du système ne convient pas à ses valeurs intrinsèques.
Il éprouve en effet un profond mal être, qui va petit à petit se révéler, prenant ses racines lors de sa rencontre avec Clarisse McClellean, pour le mener à la réalisation lors de sa seconde rencontre avec Faber.
Montag est détaché de la vie que la société lui impose: les technologies à sa portée l’effraient, comme avec le limier robot, ou le laissent indifférent, avec les écrans de sa femme.
L’idée de la persécution des intellectuels semble à première vue inconcevable, car la curiosité est le propre de l’homme. Cependant, c’est le discours du terrible chef Beatty qui explique le point de vue de la cité de Fahrenheit 451. Des humains, peu cultivés et rongés par la culpabilité auraient décidé de brûler tous les livres existants, pour remédier à leur problème. De plus la technologie et la société de consommation atteignant leur paroxysme poussent l’homme à la dépendance. Millie, la femme de Montag est l’archétype de la citoyenne endoctrinée, qui se dit et se croit heureuse, mais qui est ignorante au tel point qu’elle en perd son humanité.
Le système autoritaire combiné avec une technologie de pointe accentue ainsi la déshumanisation de la société de demain. La population devient non pas seulement dépendante de la technologie, mais ne vit qu’à travers elle et l’humanité régresse jusqu’a devenir un ramassis de corps incapables d’accomplir quoi que ce soit avec leurs mains.
Je trouve l’idée des écrans projetant “la famille” particulièrement pertinente et actuelle car elle représente parfaitement l’effet néfaste des réseaux sociaux sur notre quotidien aujourd’hui.
La temporalité est également utilisée de façon intéressante. La vie des citoyens de la société de Fahrenheit 451 est vouée à être dictée par la technologie, sur un rythme effréné, ne leur laissant pas le temps de penser, de créer une réflexion, dans le but de favoriser un système despotiste, qui instrumentalise le peuple. On retrouve l’idée de vitesse tout au long du roman, avec les voitures roulant a 200km/h, le pompier qui se rend dans l’immédiat sur le lieu de “crime”, ou encore les programmes en continu diffusés par les écrans présents dans chaque habitation de la ville.
Heureusement, des hommes arrivent à faire preuve de lucidité, comme Montag, dont la curiosité lui porte malheureusement préjudice, en lui faisant perdre tout: sa maison, sa femme, son métier, et en une seule nuit!
Ce changement brutal annonce la fin du roman, Montag se retrouve au contact de la nature, loin de la ville, et on assiste à un renversement. Le temps s’allonge, semble suspendu, et la connaissance, qui était jusqu’alors son ennemie et qu’il cherchait à détruire, devient son seul bien et sa seule source d’espoir.