Perdu entre 2 écrans et 3 conversations
Je préfére passer sur la dimension "critique du maccarthysme" de l'oeuvre pour me concentrer sur ses échos dans la société de 2011. Car malgré une parution en 1953, Bradbury semble presque anticiper le paradoxe de la communication des années 2000.
En effet, comment ne pas faire le parallèle entre les "murs-écrans" qui envahissent l'intérieur et les écrans dans nos vies? Ce qui intéresse Mildred c'est La Famille, ces oncles et ces tantes auxquels on s'identifie et qui entretiennent des discussions sans fond. Ou bien ces comédies / drames dans lesquels il n'y a qu'à prononcer quelques phrases pour faire partie de l'intrigue. Ou encore le mélange de violence et de rire, quand des clowns blancs se démembrent sous les rires du public. Personnellement, j'y ai vu un oracle sur notre addiction aux réseaux sociaux. Une prédiction de la télé-réalité (la télévision rentre chez les gens, les fait rentrer chez les autres. Et une anticipation de la violence télévisuelle banalisée.
La communication à distance est permanente: Mildred et Montag ne se parlent pas. Mais Mildred est en permanence au téléphone, dans une autre conversation, à tel point qu'elle ne participe pas au présent. Dans une civilisation basée sur le plaisir immédiat, on laisse les gens se livrer à leurs plus bas instincts: la violence est partout, le bonheur nulle part.
Fahrenheit 451 offre surtout une critique du maccarthysme et de la bêtise vers laquelle tendent nos sociétés occidentales et fait partie des classiques de la science-fiction dont on ne peut que conseiller la lecture. Ce que je fais.
Le problème des auteurs de SF, c'est qu'ils ont généralement un style moyen: leur capacité à écrire des histoires qui invitent à la réflexion est contrebalancée par des narrations lourdes ou pâteuses, voir maladroites. C'est le cas dans Fahrenheit 451 et c'est la seule raison de ne pas lire ce livre.
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