Enquête policière, thriller, romance et histoire fantastique : Sophie Divry mélange les genres sur fond très contemporain de solitudes, de souffrance au travail et de recherche scientifique, pour un épais roman aussi singulier qu’addictif.
Inspecteur du travail trouvant un réconfort approximatif dans une fréquentation accrue de la bouteille et des églises depuis que sa femme l’a largué, Bastien est amené à enquêter sur la mort d’un ouvrier, avalé par une compacteuse dans une usine de récupération de plastiques de la banlieue lyonnaise. Atteinte de « disparitionnite » au point d'en perdre son ordinateur professionnel et de se faire virer du magazine scientifique où, pigiste, elle s’efforçait de résister à la vague lucrative du sensationnalisme, Maïa s’intéresse aux travaux de recherche de sa tante dans les laboratoires du CERN à Genève et se retrouve impliquée dans la disparition d’échantillons de cristaux scintillateurs aux propriétés aussi dangereuses qu’inattendues.
Entre ces deux-là, rien de commun, si ce n’est que leurs deux enquêtes parallèles, nous plongeant au passage dans un piquant diptyque mariant analyse sociologique et vulgarisation scientifique, finissent par se rejoindre et, après avoir malicieusement fait lanterner le lecteur dans une suite haletante et rythmée de rebondissements, justifier les promesses du titre. Très fleur bleue, cette dernière partie viendrait presque faire retomber le soufflet, si l’ensemble du récit n’était porté par une plume vive à tendance corrosive, ébarbant à peine ses pointes de noirceur au contact d’une mélancolie tristement drôle.
Alors, fermant les yeux sur les aspects les plus faciles de la romance, l’on retient au final le plaisir d’une lecture détente, tendue par un suspense légèrement fantastique, délibérément romantique, mais dont on comprend qu’il masque à peine une lucidité abrasive sur les travers sociaux contemporains. Mieux vaut parfois rêver que pleurer…
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