Fascismes français ? par Yananas
Robert Soucy relance le débat à la fin des années 1990 et au milieu des années 2000 avec la traduction de cet essai qu’Antoine Prost a préfacé et dont il a reconnu les mérites en termes de maniement des sources et de maîtrise de l’historiographie. Cet ouvrage est d’autant plus intéressant qu’il permet de nuancer cette traditionnelle opposition entre une historiographie française (dite « du consensus ») et une historiographie étrangère unanime dans l’affirmation de l’existence d’un fascisme français. Robert Soucy se distingue pourtant de Zeev Sternhell dans la mesure où, pour lui, les mouvements fascistes ne sont « ni droite ni gauche » mais bel et bien, et franchement, enracinés à droite. Si l’historien américain rejette la thèse dite « immunitaire », qui invoquait entre autres la culture politique pour infirmer la possibilité d’un fascisme fort, ou encore l’aspect défensif – relevant du « scoutisme politique » selon René Rémond – des Croix-de-Feu, il écrit que si La Rocque n’en appelle pas directement à l’action violente, et s’il feignit un moment d’accepter le jeu parlementaire, c’était par pur concours de circonstances. Entre le conservatisme autoritaire et le fascisme, il n’y a qu’un pas, et, aux yeux de Robert Soucy, ce pas est amplement franchi.