Trouvé dans une vieille armoire poussiéreuse qui n'avait pas été ouverte depuis bien longtemps, la faible épaisseur de ce livre m'a donné le courage de m'initier à Balzac, dont je n'avais encore jamais rien lu, mais beaucoup entendu; il serait ennuyeux et fastidieux à lire, pouvant faire la description d'un homme traversant la rue sur plusieurs pages, sans en omettre le moindre détail. Malgré que ces dires se soient confirmés lors de ma lecture de Ferragus, je ne me suis pas ennuyé une seule seconde. À l'instar de Flaubert, on retrouve chez Balzac une écriture noble mise au service d'un sens de l'observation très développé, décrivant avec autant de passion que de précision les profondeurs, les vices, les travers de la nature humaine, mettant des mots sur des réflexions vagabondes et existentielles qu'il peut nous arriver de faire sans pourtant parvenir à en extraire l'essence.
Ferragus, personnage mystérieux à qui l'on prête une intelligence, un pouvoir et une cruauté sans limites, se retrouve au cœur d'une spirale infernale, créée malgré lui par des hommes victimes de leur passion, celle d'une même femme, victime elle, d'aimer purement et innocemment. L'énergie déployée par les uns à percer le secret de Ferragus et des autres à le préserver nous plonge dans une enquête guidée par l'amour, la jalousie, puis la haine. On comprend alors que l'issue ne pourra être que fatale, tant pour les uns que pour les autres.
À travers ses digressions, Balzac nous transporte dans l'intimité de Paris et de ses habitants, dépeignant leurs histoires, leur vie banale.