Personne n'aurait parlé de ce livre-là, tout se serait bien passé.
J'aurais lu les trente premières pages, refermé le bouquin et je l'aurais revendu.
Acheté vingt balles, repris cinq, perte sèche.
Pas de chronique, évidemment. Basta.
Au lieu de ça, je l'ai terminé. Mais quelle était cette œuvre du siècle, portée aux nues, encensée par tous, le Houellebecq féminin disait-on ? D'aucuns criaient au génie, à la merveille, au chef-d'oeuvre. S'ensuivait généralement une avalanche de louanges sur l'écriture (ciselée, vive, etc etc)… Nulle part la passion amoureuse n'avait été évoquée avec autant de puissance, d'intensité. C'était fou, « Feu ». Un prodige.
Il fallait donc le terminer.
Le problème, c'est que dès le début, je n'ai rien compris. Je ne savais pas qui parlait, ni à qui, ni de quoi. Alors, évidemment, ça n'aide pas. Le pire étant les passages qui ont lieu dans une banque. Là, c'est d'un chiant absolu, la traversée du désert (un chapitre sur deux presque.)
Bon, j'ai quand même compris qu'une femme Laure (prof de fac, évidemment, elle connaît par coeur Jürgen Habermas - putain la sociologie, ça commence à me gaver ferme!) donc cette Laure aime le gars qui bosse dans la banque. Alors là, pourquoi elle l'aime, j'avoue que j'ai un peu de mal à comprendre : il est moche, maigre, maladif mais surtout très très con, pas sympa et en plus, le seul être qu'il aime, c'est son chien. Bon, c'est sûr, elle, elle fait pas beaucoup plus finaude malgré ses références à Habermas. Donc, elle l'aime, mais franchement, si c'est ça la passion ! Il est bien tiédasse ce feu! Lui, à vrai dire, on comprend pas bien ce qu'il veut, s'il veut ou pas, il hésite (il est minable et pour autant n'a rien de houellebecquien, je vous rassure, non, minable, c'est tout.) On ne ressent aucune empathie pour ce gars (ni pour l'autre gourde d'ailleurs) dont on se fout complètement parce qu'on n'y croit pas une seule seconde à ces deux marionnettes … Plus qu'à deux personnages, Laure et Clément ressemblent à deux concepts fantomatiques, au service d'une vague réflexion sociologique qui n'aboutit qu'à une fin grotesque.
Passons…
Ah si, j'oubliais, elle a une fille, cette Laure, enfin, une ado improbable au langage caricatural qui parle d' « Andromaque » comme aucun ado ne parle en réalité ! (et d'ailleurs, quel ado parle d'Andromaque ?) Franchement, j'avais l'impression de lire un chapitre des « Bolloss des belles-lettres »...
Quant à l'écriture… Une posture, une imposture ? Si on en est là… (entre nous, qu'est-ce que notre époque manque d'ambition quand même!)
Au fait, je vous ai dit que le chien du gars, il s'appelle Papa. Comme c'est rigolo.
Mouais...
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