Fictions par Nonivuniconnu
Un personnage de mon entourage, à la fois ami, ancien colocataire et félidé de compagnie (ne rayer aucune mention) m'a offert pour mon anniversaire un de ses ouvrages préférés : Fictions, de Jorge Luis Borges. Enchanté par cette initiative, je m'y plongeai presque immédiatement mais je ne soupçonnai pas encore le piège tendu par ce faquin : en effet, ce dernier n'avait pas manqué d'exploiter au préalable ma tendance à donner mon avis en exigeant une critique de l'ouvrage une fois celui-ci terminé. Car c'est peu de dire que Fictions n'est pas n'importe quel recueil de nouvelles. Paradoxalement, j'ai l'impression d'en être sorti grandi mais je me sens tout petit dès qu'il s'agit d'en parler. Considérons que je relève le défi, mais avec beaucoup de prudence.
En fait, ce recueil m'a d'abord surpris, puis dérouté, intrigué, et enfin passionné. Fictions est divisé en deux parties : la première salve est peut-être plus ardue que la seconde (qui n'en est pas moins passionnante) : on y trouve davantage de réflexions sur lesquelles on pourrait disserter longtemps. Tirons-en un simple exemple, prenons La bibliothèque de Babel. Dans cette nouvelle, le monde est une bibliothèque. Est-elle finie ? Infinie ? La majorité des livres qu'elle contient n'a aucun sens, sauf quelques bribes, et certains sont devenus fous à rechercher celui qui résumerait tous les autres. Cette nouvelle ne fait que dix pages, et pourtant : quel contenu !
On peut difficilement classifier l'ensemble, mais je ne m'attendais certainement pas à y trouver des touches de fantastique, utilisées comme support à diverses réflexions pour mon plus grand bonheur, et il est nécessaire de s'habituer à voir se côtoyer références réelles et créées de toutes pièces. Fictions comprend d'ailleurs quelques critiques littéraires de romans inexistants. A ce titre, une nouvelle en particulier m'a beaucoup amusé, après m'avoir complètement dérouté : Pierre Ménard, auteur du Quichotte. L'exercice auquel s'y livre Borges est particulièrement bien pensé et m'a rappelé certains canulars (par exemple celui-ci : http://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Sokal ).
Chaque nouvelle mériterait un petit mot, mais inutile d'en rajouter. Je me contenterai donc de le relire à l'occasion, sans oublier de remercier l'érudit félidé hispanophile de mon entourage pour avoir mis dans mes mains ce petit livre et avoir ainsi contribué à m'ouvrir des horizons.