Après la lecture de ce roman, je me couche moins bête. J'ignorais complètement l'histoire de ces centaines de milliers de femmes coréennes ayant été soumises en esclavage sexuel par l'armée japonaise d'occupation. Ces "femmes de réconfort" que le Japon - encore à présent - peine à reconnaître comme victimes de guerre.
Hana est une pêcheuse de l'île de Jeju, située au sud de la Corée. Comme toutes les femmes de sa famille depuis des générations, elle plonge en apnée pour récolter ormeaux et crustacés au fond de l'océan. Par ce travail atypique et extrêmement physique, elle subvient aux besoins de sa famille. Mais sa vie harmonieuse bascule brusquement lorsqu'à seize ans, elle est kidnappée par des soldats japonais qui l'expédient en Mandchourie pour y être fille à soldat dans un bordel sordide. Difficile d'imaginer destinée plus sombre.
Le roman est d'une rare violence en raison de son sujet. Homme ou femme, aucun lecteur ne pourra rester insensible aux destins de Hana et d'Emi, sa jeune sœur qui sera mariée de force par les autorités coréennes. "Filles de la mer" est à la fois un roman historique et un témoignage poignant. Son autrice américaine est descendante d'émigrés coréens et souhaitait rendre hommage aux siens tout en alertant ; douloureux devoir de mémoire.
J'ai globalement apprécié cette découverte bien que la lecture en soit pénible. J'ai aussi aimé comprendre certaines coutumes coréennes, notamment celle de la pêche à Jeju. J'ai moins été emballée par les choix narratifs : l'alternance entre passé et présent, et surtout le pathos très présent alors que le sujet même du livre est suffisamment dramatique pour en ajouter, de mon point de vue.