Elizabeth Vernn a sept ans lorsque sa mère la fait participer à son premier concours de mini-miss. Durant cinq ans elles écumeront les concours, Elizabeth devenant cette bête de foire étrange, une enfant déguisée en princesse, maquillée, transformée en adulte pour plaire à un jury. Jusqu’à ce que la petite fille se rebelle et mette un terme à ces exhibitions. Mais ces cinq ans ont laissé des traces sur Elizabeth. Et ce sont ces séquelles qu’Olivier Bourdeaut explore à travers les transformations qu’Elizabeth fait subir à son corps. Une lente dérive qui va des 14 ans au 19 ans d’Elizabeth, d’une prise de poids excessive à sa transformation en bodybuildeuse.
Quel sujet magnifique ! Un sujet en or pourrait-on dire. Sur les ravages psychologiques de ces exhibitions d’enfants, sur la difficulté de la relation à son corps quand on a pris l’habitude de le montrer pour gagner des concours, sur la relation d’une fille victime des rêves de sa mère.
Mais qu’est-il advenu d’Olivier Bourdeaut ? De sa tendresse pour ses personnages ? De son humour distillé avec subtilité même à travers les situations les plus graves ? De sa sensibilité et de son élégance ?
Ici le style est lourd, répétitif, sans nuance. Elizabeth n’est que haine, envers ses parents, ses professeurs, ses camarades de classe, elle-même. Mais tout cela est asséné, martelé sans aucune analyse ni recul. Elizabeth ne connaît qu’un mode d’expression, l’agressivité. Et cela devient usant à la longue. Le propos manque totalement de finesse aussi bien dans les dialogues que dans le récit à la première personne de ce roman dont le sujet était pourtant tellement prometteur.
Autre difficulté, j’ai eu un mal fou à imaginer que le personnage était une jeune fille. Olivier Bourdeaut n’arrive jamais à se glisser totalement dans la peau d’Elizabath pour laquelle, en plus, je n’ai jamais ressenti la moindre empathie.
Et rien à attendre du côté des rebondissements que nous annonce le personnage d’Elizabeth à longueur de pages. On ne fait que suivre la chute inexorable d’une jeune fille pour qui le traumatisme initial vient d’avoir été une jolie petite fille mais dont Olivier Bourdeaut n’arrive pas à nous faire comprendre l’intimité profonde.
Ironie ultime, le dernier chapitre ouvre sur cette interrogation : « OK, vous êtes encore là ? ». Eh bien ce n’est pas faute d’avoir pensé à abandonner. Mais un reste de fidélité à un auteur qui m’a bouleversée avec son premier roman, En attendant Bojangles, et beaucoup amusée avec le second Pactum Salis, m’a conduite à poursuivre cette lecture déprimante. Mais très franchement j’ai été ravie d’arriver à la fin de ce roman et de le refermer.