Florida
7
Florida

livre de Olivier Bourdeaut (2021)

Elizabeth Vernn a sept ans lorsque sa mère la fait participer à son premier concours de mini-miss. Durant cinq ans elles écumeront les concours, Elizabeth devenant cette bête de foire étrange, une enfant déguisée en princesse, maquillée, transformée en adulte pour plaire à un jury. Jusqu’à ce que la petite fille se rebelle et mette un terme à ces exhibitions. Mais ces cinq ans ont laissé des traces sur Elizabeth. Et ce sont ces séquelles qu’Olivier Bourdeaut explore à travers les transformations qu’Elizabeth fait subir à son corps. Une lente dérive qui va des 14 ans au 19 ans d’Elizabeth, d’une prise de poids excessive à sa transformation en bodybuildeuse.


Quel sujet magnifique ! Un sujet en or pourrait-on dire. Sur les ravages psychologiques de ces exhibitions d’enfants, sur la difficulté de la relation à son corps quand on a pris l’habitude de le montrer pour gagner des concours, sur la relation d’une fille victime des rêves de sa mère.


Mais qu’est-il advenu d’Olivier Bourdeaut ? De sa tendresse pour ses personnages ? De son humour distillé avec subtilité même à travers les situations les plus graves ? De sa sensibilité et de son élégance ?


Ici le style est lourd, répétitif, sans nuance. Elizabeth n’est que haine, envers ses parents, ses professeurs, ses camarades de classe, elle-même. Mais tout cela est asséné, martelé sans aucune analyse ni recul. Elizabeth ne connaît qu’un mode d’expression, l’agressivité. Et cela devient usant à la longue. Le propos manque totalement de finesse aussi bien dans les dialogues que dans le récit à la première personne de ce roman dont le sujet était pourtant tellement prometteur.


Autre difficulté, j’ai eu un mal fou à imaginer que le personnage était une jeune fille. Olivier Bourdeaut n’arrive jamais à se glisser totalement dans la peau d’Elizabath pour laquelle, en plus, je n’ai jamais ressenti la moindre empathie.


Et rien à attendre du côté des rebondissements que nous annonce le personnage d’Elizabeth à longueur de pages. On ne fait que suivre la chute inexorable d’une jeune fille pour qui le traumatisme initial vient d’avoir été une jolie petite fille mais dont Olivier Bourdeaut n’arrive pas à nous faire comprendre l’intimité profonde.


Ironie ultime, le dernier chapitre ouvre sur cette interrogation : « OK, vous êtes encore là ? ». Eh bien ce n’est pas faute d’avoir pensé à abandonner. Mais un reste de fidélité à un auteur qui m’a bouleversée avec son premier roman, En attendant Bojangles, et beaucoup amusée avec le second Pactum Salis, m’a conduite à poursuivre cette lecture déprimante. Mais très franchement j’ai été ravie d’arriver à la fin de ce roman et de le refermer.

Christlbouquine
3
Écrit par

Créée

le 30 mars 2021

Critique lue 876 fois

Christlbouquine

Écrit par

Critique lue 876 fois

D'autres avis sur Florida

Florida
Nelly-H
9

Critique de Florida par Nelly-H

Poussée par sa mère, Elizabeth enchaine les concours de Mini Miss depuis l'âge de sept ans. Esthéticienne, coiffeur, robe à paillettes, poses aguicheuses, faux cils, tout est bon pour contenter sa...

le 7 juin 2021

2 j'aime

Florida
Cannetille
8

Terriblement féroce

Pour ses sept ans, la petite Américaine Elizabeth reçoit un cadeau dont elle ignore encore le poison. En lui offrant une robe de princesse et en l’inscrivant à son premier concours de mini-miss, sa...

le 29 août 2021

1 j'aime

Florida
Lubrice
6

Critique de Florida par Brice B

Publié sur L'Homme Qui Lit Les enfants peuvent-ils servir de séance de rattrapage à des adultes ratés ? C'est ce que pose comme question Olivier Bourdeaut dans les premières pages de son roman où,...

le 23 avr. 2021

1 j'aime

Du même critique

L'Étrange Traversée du Saardam
Christlbouquine
6

Critique de L'Étrange Traversée du Saardam par Christlbouquine

1634, à Batavia en Indes Orientales. Plusieurs passagers prennent place à bord du Saardam pour rejoindre Amsterdam. Parmi eux, le gouverneur général ainsi que sa femme, sa fille et sa maîtresse,...

le 15 avr. 2022

4 j'aime

L'Oiseau Moqueur
Christlbouquine
8

Critique de L'Oiseau Moqueur par Christlbouquine

New-York, XXVème siècle. Les hommes ont peu à peu abandonné le pouvoir aux robots. L’individualisme est devenu la norme. Plus de cellule familiale, d’ailleurs il n’y a plus d’enfants qui naissent,...

le 4 déc. 2021

4 j'aime

Isabelle, l’après-midi
Christlbouquine
4

Une lecture décevante

Étudiant américain, Samuel rencontre Isabelle lors d’un séjour à Paris. Un peu plus âgée que lui, elle exerce aussitôt un puissant attrait sur le jeune homme. Ils deviennent amants. Tous les jours à...

le 6 août 2020

4 j'aime