Fondation foudroyée ne fait pas l'unanimité, c'est le moins que l'on puisse dire. A ma gauche (ou à ma droite d'ailleurs, on s'en fout), il y a les afficionados du cycle originel (en trois tomes écrits dans les années 40-50) et qui considèrent ce quatrième opus comme une authentique trahison. Et à ma droite (ou à ma gauche selon la façon dont on se place), ceux qui estiment que le cycle avait absolument besoin d'une suite, les mille ans d'inter règne n'étant qu'incomplètement couverts dans le cycle originel.


Fondation foudroyée a été effectivement été écrit par Asimov au début des années 80, sous la pression de son éditeur, lui-même mis sous pression par les fans du cycle, comme l'auteur l'explique dans sa préface. Alors oui, ce quatrième volume est différent à bien plus d'un titre des trois premiers.


Dans la structure narrative, d'abord : les trois premiers tomes sont constituées d'un enchainement de nouvelles, avec des personnages différents (dont certains deviennent par la suite des personnages historiques), nouvelles qui mises bout à bout couvrent cinq siècles d'histoire galactique. Alors que "Fondation foudroyée" est construit comme un roman, conserve ses personnages et présente une forme d'unité de temps (quelques semaines, tout au plus). Et le cinquième tome, "Terre et fondation", que je viens de démarrer, en constitue la suite directe, tant et si bien que l'on pourrait sans doute dire que les deux derniers tomes du cycle ne sont jamais qu'un seul et même roman.


Dans les aspects scientifiques et technologiques, ensuite. Dans les trois premiers tomes, c'est clairement l'énergie atomique qui prédomine scientifiquement parlant. Dans le quatrième, ce sont les ordinateurs. Et ce n'est pas anodin. Asimov est reconnu pour ses connaissances scientifiques, et il s'est manifestement appuyé sur les technologies émergentes dans le monde (réel) au moment où il écrivait ses bouquins. Et, au début des années 80, autant dire à l'âge de pierre de l'informatique, sa vision du potentiel de celle-ci est tout à fait intéressante, et n'est en tous cas absolument pas obsolète aujourd'hui. Ajoutons que cette transition du nucléaire vers les ordis passe comme une lettre à la poste dans le scénario, puisque la première fondation est censée avoir progressé scientifiquement depuis sa création.


Dans les aspects socio-culturels, enfin. J'avais relevé dans mes critiques des trois premiers opus leur côté vintage fifties. Je trouve que le quatrième - avec cette planète Gaïa et le personnage de Joie - penche très nettement du côté du flower power et de l'idéal hippie des seventies. On peut dire ce qu'on veut, mais Asimov était un auteur en prise avec son époque.


Oui, donc et en effet, "Fondation foudroyée" marque une rupture assez nette avec le début du cycle, cela s'expliquant par les trente ans qui se sont écoulés dans l'intervalle. Mais en même temps (hé, hé), la transition est plutôt bien réalisée, puisqu'on y retrouve - en début de roman - cette atmosphère de paranoïa, de complots et de manipulation mentale qui est la marque de fabrique de "Seconde fondation". Et puis, n'oublions pas l'essentiel, ça reste tout de même un très bon bouquin de S.F.

Marcus31
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le 25 juil. 2017

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