Monument de l'anticipation, classique parmi les classiques de la littérature contemporaine, le cycle de "Fondation", débuté par l'écrivain Isaac Asimov au tout début des années 40, me faisait de l'oeil depuis un certain temps, sans que j'ose m'y plonger corps et âme, sans doute intimidé par l'ampleur du bousin. C'est motivé par la gentillesse d'un être cher à mon coeur qui m'offrit l'intégral de la saga que j'ose enfin sauter le pas.
Paru en 1951, ce premier volet est en fait un recueil de cinq nouvelles initialement publiées individuellement entre 1942 et 1944, nous plongeant dans une société futuriste au bord de l'effondrement, dont les principaux bouleversements seront décrit dans chacun des courts récits qui constituent "Fondation".
Diablement en avance sur son temps et d'une intelligence foudroyante, maniant l'ellipse avec maestria, "Fondation" est une véritable leçon de politique, parvenant à rendre limpide des enjeux pourtant complexes, miroir à peine camouflé de notre propre histoire et de la main-mise des dirigeants sur le peuple à travers la religion, les sciences ou même le pouvoir d'achat, le monde imaginé par Asimov rappelant fortement l'empire romain et sa folle décadence tout autant que notre société actuelle.
Narré sur plusieurs décennies (voir carrément sur plusieurs siècles), "Fondation" pourra rebuter les lecteurs par son absence de véritables "héros" (chaque protagoniste ne fait qu'un petit tour) malgré l'importance capitale du plus petit protagoniste, et par son apparente froideur et une certaine austérité. Ce serait passer devant une oeuvre majeure de la science-fiction adulte, devant une entreprise d'une ambition sans commune mesure, un récit digne de "L'art de la guerre" de Sun Tzu mais avec des vaisseaux spatiaux en plus !