L'Aventure sans concessions

Roman de Joseph Kessel écrit en 1932 après une mission au Yemen, en Ethiopie et en Somalie où ll a rencontré deux personnes hors normes : un moscovite Hakimoff et un Français Henri de Monfreid autour desquels il va bâtir son roman
Le roman est divisé en trois parties
- Chaïtane (le diable) ; c'est le nom du cheval offert par l'émir de Sanaa au moscovite Igrisheff en poste au Yémen : Igrisheff est un kirghize, fils batard d'un comte russe que ce dernier a reconnu et éduqué. C'est un homme violent, dont la vie n'a été qu'une longue suite de luttes pour sa survie contre puis avec les soviétiques. "C'est un homme que son destin mène sans qu'il le discute". Aucun sentiment vis-à-vis des autres qu'il utilise ou rejette suivant son instinct, dur envers lui comme avec les autres, seul le cheval Chaïtane trouve son amitié et son admiration. Rappelé à Moscou, il est obligé de fuir et connaîtra diverses aventures. C'est un homme fascinant à qui rien ne semble résister et qui n'hésite pas à se retourner contre un allié si son intérêt vital est en jeu.
- Le Fils du Vent : Igrisheff est sauvé in extremis par deux français sur un boutre à l'escale sur la côte yéménite, Daniel Mordhom, aventurier, contrebandier sur la mer Rouge entre les côtes africaines et arabiques et un ami de ce dernier, Philippe Lozère depuis peu dans la région.
Ce sont de nouvelles aventures sur mer cette fois où le boutre doit affronter des pirates Zaranigs et une tempête. C'est l'occasion de faire de beaux portraits d'un plongeur En Daïré et d'autres.
C'est aussi l'occasion de mettre en œuvre une grand-voile, la "fortune carrée", qui sert à se dégager de la tempête …
- La Grande Piste : Philippe doit faire transiter une caravane à travers une région désertique et inhospitalière en Somalie pour rejoindre Mordhom sur la côte. S'il manque d'expérience, son courage et sa ténacité lui permettront d'arriver à bon port.
Ce roman est passionnant, plein de rebondissements avec des personnages fascinants. Ce qui est tout-à-fait curieux, c'est que tous, yéménites, pirates zaranigs, Issas, somaliens, éthiopiens, les deux français et le khirguize sont en dehors du temps et tous sur un pied d'égalité. Bien que ce roman se passe en un temps où les pays sont plus ou moins colonisés (par des français, des anglais ou des turcs), les différents personnages font leurs petits trafics entre eux en dehors de toute relation ou règle coloniale. Tous sont sur un pied d'égalité mais les relations sont constamment conflictuelles, violentes, sans concession : c'est la loi du plus fort qui l'emporte et qui permet de gagner le respect de l'adversaire ou de l'allié.
Un roman d'aventures viril, palpitant, sans concession