François le Champi est un enfant abandonné et recueilli dans les champs, comme l’annonce son nom de Champi (Le terme rural familier de l’époque).
Madeleine, la femme d’un meunier, l’a nourri et élevé par charité, sans contrepartie. Mieux encore, elle l’a instruit, chose rare pour un « Champi ».
Ainsi François aura une immense gratitude pour elle mais sera aussi toute sa vie désintéressé, courageux et attentionné partout en toute circonstance avec n’importe qui.
C’est comme si il devait au monde entier une dette éternelle de reconnaissance pour l’avoir élevé de sa simple condition de « Champi ».
Il faut dire qu’il s’en sort particulièrement bien, les autres Champis sont exploités, humiliés et font l’objet de méfiance, ils sont vus comme les fils du diable par certains paysans, comme des roublards…
Madeleine, après l’avoir aidé en cachette parvient à le rattacher au foyer familial comme une sorte de valet mais François grandi, il est beau, grand et fort et ne tardera pas à attirer les regards et la jalousie du meunier et époux de Madeleine, Monsieur Blanchet qui n’hésitera pas à le chasser brutalement sans compassion de sa maison.
Pauvre Champi ! Ah mais ne le plaignez pas tant, il est brave, a du courage et rebondit facilement ailleurs dans une autre ferme.
Tout au long des péripéties, François ne cessera d’impressionner son entourage par ses qualités d’homme brave, honnête, loyal et tout le monde se l’arrache. Les filles cèdent facilement à son charme naturel mais rien n’y fait, François conservera toujours une sorte de pureté mystérieuse et une attitude froide dans sa candeur repoussant fatalement toutes avances.
François ignore l’origine de ce mystère, il sait seulement qu’il désire ardemment revoir Madeleine, sa bienfaitrice.
Au moment-même où il viendra à son secours quelques années plus tard, il découvrira qu’au fond de son dévouement, il y a de l’amour pour Madeleine. Mais comment l’avouer ? Sa mère adoptive n’a certes que 8-9 ans de plus que lui, ce qui n’est pas beaucoup, mais l’éducation créée de la pudeur. Un enfant, qu’une mère a élevé avec les siens, qu’elle a choyé comme son propre fils, a beau grandir : il restera toujours son fils et ne saurait songer à l’épouser.
L’histoire se termine bien mais promptement, on sait que le mariage a lieu mais on aurait aimé savoir ce qui a déterminé Madeleine à accepter ce mariage soudainement, même si l’on peut deviner. Ce mariage n'est pas sans créer un certain malaise, il fallait donc l'expliquer deux côtés.
Cela reste un beau petit roman champêtre où l’on a d’un côté deux âmes pures : François, qui est la joie, la force, la santé et Madeleine, la femme simple et vraie, dont le coeur éclaire l’esprit, ayant ce type de beauté calme, sérieuse et recueillie qui ne se rencontre qu’aux champs et dont la contemplation repose et rafraichi l’âme.
Et de l’autre : des paysans sournois, brutaux, mal intentionnés avec notamment « Sévère » (prénom féminin), qui fera tout pour détruire François et le foyer de Madeleine.
Il y a une confrontation des extrêmes dans les personnages principaux, assez représentatifs de la sphère champêtre.
Sur le style, on ne perd pas dans les détails ni la longueur, ce qui est déjà un bon point fort. Par contre, on sent trop que c’est George Sand qui parle pour Madeleine et François, dont les personnalités se rejoignent ; ils sont d’un parfait et d’un joli un peu trop léchés parfois. Quoi qu'il en soit, c'est une histoire attachante méritant d'être lue.
On retrouve comme dans la Mare au diable cette saveur douce et fortifiante du monde champêtre.