J'ai connu A.N il y a de cela une dizaine d'années avec son incontournable Stupeur et Tremblements puis j'ai réitéré l'expérience plusieurs fois dans la foulée avec Acide Sulfurique, Métaphysique des tubes et il y a 4 ans de cela avec Cosmétique de l'ennemi. Et puis je l'ai entendu dans La Grande Librairie dernièrement où elle a réussi à susciter chez moi le désir de la redécouvrir.
Il est donc ici question de la vie de Diane, jeune fille souffrant d'une relation assez pathologique avec une mère névrosée, sans recul sur ses affects dysfonctionnels. Amélie Nothomb a réussi, de façon assez juste à retranscrire les carences affectives, et leurs impacts sur les relations interpersonnelles de Diane, liées à une mère qui n'était, comme dirait Winnicott, pas "suffisamment bonne". Ce roman nous démontre toutes les conséquences qui peuvent découler d'une éducation comme celle-ci et nous renvoi à la question suivante: "Quels choix avons nous réellement ?" quand même notre profession est inconsciemment dictée par notre conditionnement parental.
Pour autant, on ne tombe pas dans un procès accablant et caricatural de la mère de Diane, "Marie n'est ni méchante ni folle" est-il mentionné dans les premières pages du roman. Lorsque Diane confronte sa mère à propos de son éducation, son absence de reconnaissance d'une évidente négligence affective dont elle a été l'auteur ne démontre pas la mauvaise foi de celle-ci, seulement une inconscience de ses névroses...
En outre, l'utilisation de cette "amitié" entre la professeure de Diane et cette dernière est on ne peut plus pertinente pour illustrer comment une relation mère-fille dysfonctionnelle peut entacher les suivantes.
C'est pour toutes ces raisons que le récit d'A.N est d'une justesse presque glaçante. Pour autant,il ne faut pas oublier qui est l'auteure de ce roman. Le style d'A.N a toujours été très sec, expéditif. Ce n'est pas nécessairement un défaut à part entière, mais il faut être prévenu. Je ne suis pas de ceux qui diront qu'elle a encore voulu "pondre" un énième roman dans le simple but de publier. A la lecture de ses lignes, on a plus le sentiment d'un jet impulsif d'idées sur une feuille qui n'aurait été que très peu retravaillé. C'est un choix. Mais il faut savoir où on met les pieds !
Un livre à découvrir !