Après son brillant recueil de nouvelles, Ce que l'on ne peut confier à sa coiffeuse, les excellentes éditions Tropismes nous offrent un nouvel aspect du talent de l'écrivaine slovène Agata Tomažič avec un roman paru en 2016 dans son pays, Frapper le ciel. A travers deux personnages, dont on suit les faits et gestes, en parallèle, l'autrice décrit un monde qu'elle connaît d'expérience, celui des journaux écrits, dont l'influence ne cesse de se réduire comme peau de chagrin. Ces deux protagonistes semblent a priori très opposés dans leurs évolution professionnelles : l'un est le rédacteur en chef usé d'un support quotidien de Ljubljana à bout de souffle ; l'autre, également d'origine slovène, s'est adapté à la vie américaine et a construit sa fortune dans la Silicon Valley, Mais de fait, ils se ressemblent beaucoup, handicapés sur le plan des relations humaines et incapables d'aimer ou de se faire aimer. Agata Tomažič les décrit avec une précision d'entomologiste, perçant leurs pensées les plus intimes sans une once de bienveillance. Le roman a un aspect de comédie noire mais sa structure est rigide et quelque peu austère, avec une quasi absence de dialogues et, en revanche, un excès de métaphores. Le sentiment d'une petite déception après ses nouvelles est en partie gommé par l'impression que l'autrice est capable d'écrire dans des styles très différents, selon le sujet abordé. Rendez-vous est pris pour un prochain ouvrage.

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le 28 nov. 2023

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