Le roman russe à l'américaine...
Et bien voilà, çà y est. Je l'ai attendu avec impatience, j'étais certaine d'en ressortir chamboulée, de goûter moi aussi au plaisir de lire le nouveau "Great american novelist" et me voilà... terriblement déçue.
Moi qui aime énormément la littérature nord-américaine, je n'ai pas aimé "Freedom".
J'ai dévoré le début du roman, j'étais littéralement happée par les mots, enchantée par l'humour caustique et les personnages détestables de Franzen.
Et puis, je suis arrivée à la page 250, puis 300, puis 350... de plus en plus lentement, de plus en plus laborieusement, tout simplement parce que les éventuels événements auxquels je m'attendais (on a le droit d'en espérer quelques uns en 700 pages) ne sont pas arrivés, parce que les personnages ont fini par me lasser, parce que j'ai compris où l'auteur voulait en venir et que je n'ai pas besoin de m'en farcir 700 pages.
Le roman s'attache à suivre la vie de trois personnages liés par les forces vacillantes de l'amour et de l'amitié, et... c'est tout. Enfin non, ce n'est pas tout. C'est-à-dire que chacun des personnages et chacune de leur histoire est décortiqué, détaillé à l'extrême, et ce, sur plusieurs générations. Et évidemment on devine à travers cette histoire somme toute banale, ce que l'auteur a à dire sur le contexte politique et social de son pays. C'est un portrait de l'état de l'Amérique, en gros.
Ce n'est donc évidemment pas une mince affaire, et je reconnais volontiers que Franzen excelle à cet exercice, d'autant qu'il écrit parfaitement bien, et même plus que çà.
Seulement, je ne suis pas de ceux que le grand roman social touche; dans ce domaine, je préfère largement lire des essais et me documenter par d'autres moyens. Et je ne suis pas non plus amatrice de littérature russe, elle m'ennuie profondément.
"Freedom", malheureusement pour moi, est un peu tout çà à la fois (à la sauce américaine bien entendu, ce qui implique tout ce que l'on aime chez un auteur américain qui s'amuse à fustiger ses contemporains).
Grosse déception donc, en ce qui concerne le roman, n'étant pas amatrice du genre c'était prévisible. J'ai cependant découvert en Franzen un écrivain hors pair, et un talent fou pour explorer le comportement humain, pour saisir et restituer la température d'un lieu, d'une époque, d'une ambiance.
Je ne pense donc pas que Franzen soit surestimé, comme certains l'affirment, mais peut-être n'y a-t-il pas lieu non plus de s'extasier. Et ce n'est pas que le thème du bouquin ne me touche pas, bien au contraire. C'est juste que je ne peux pas lire ET apprécier 700 pages concentrées sur seulement 3 personnages et leur vie affreusement banale et prévisible et déprimante.
(J'aimerais beaucoup lire des critiques de ceux qui ont aimé, au fait)