Étrange petit roman que voilà, aux ambiances prenantes, à l'esthétique étudiée, à l'écriture fluide et maitrisée, bien que parfois un peu trop maniérée.
C'est l'histoire d'un voyage en Chine en roue libre. La barrière du langage et le décalage culturel font du narrateur un homme perdu, qui se laisse porter par le courant, guidé par deux Chinois dont il ne comprend ni les actes, ni les motivations. De cette incompréhension nait un espace d'interprétation qui occupe son esprit durant toute la virée.
Je n'avais pas réalisé en entamant ce livre qu'il appartenait à un ensemble, puisque je l'ai surtout eu comme lecture obligatoire d'un cours d'unif. J'ai cependant été happé immédiatement par le style très direct de l'auteur, aux accents très naturels (même si cela oscille par moments, perd un peu de sa force). On finit presque déçu, cependant, lorsque le volet chinois se ferme, et que s'ouvre le dernier chapitre du livre, plus convenu, clairement moins intéressant, puisque inscrit dans cette atmosphère de drame réaliste romantique légèrement graveleux qui sature le roman français. C'est cependant de nouveau dans le décalage que se situe l'intérêt du roman, entre l'intensité brutale des événements vécus par le narrateur en Chine et le deuil qui l'attend en Italie.
Un petit livre qui se lit tout seul et qui est plutôt rafraichissant dans son genre.