Si c'est notre futur, autant se retrouver dans le Metro

Juste après avoir lu le meilleur des mondes de Huxley et pour boucler la bibliographie romanesque de Glukhovsky, je me suis laissé tenté par le pavé ultra médiatisé et récompensé qu'est Futu.re. Lancé dans un monde dystopique pas si lointain qu'il puisse paraître, l'histoire est plaisante et pertinente, mais les défauts réguliers de l'auteur reviennent ici de plus belle.

Jeté dans le monde noir et étouffant de Futu.re, nous suivons le personnage de Jan, membre de la Phalange, cette unité qui a pour but d'appliquer la loi du choix et de débusquer ces détracteurs. Nous découvrons une civilisation du 25e siècle en conflit avec elle-même : la planète est surpeuplée et ne peut accueillir plus d'individus. L'immortalité étant établie, la loi du choix est le seul remède pour réguler la population : tout parent souhaitant avoir un enfant, doit le déclarer et assumer la perte de son immortalité et sa vieillesse accélérée.

Dans ce monde surpeuplé et dominé par les gratte-ciels, nous partageons la même claustrophobie que le personnage principale. L'auteur dresse le portrait de ce monde qui se trouve sur le bord du précipice, poussé par ses limites à sa propre et irrémédiable fin. Tout au long de l'histoire on découvre ce que sont devenus les différentes villes et pays, qui ont formés des mégalopoles géantes. Les pays d'Europe ont fusionnés pour devenir une entité, comme les pays d'Amérique du Sud. Certains pays comme l'Inde et le Pakistan ont cessés d'exister après avoir mis fin à leur conflit par la plus catastrophique des méthodes : la guerre nucléaire. L'Espagne est devenu un ghetto géant...

Dopé par des scène d'actions, de torture ou de sexualité, le livre se retrouve à la limite du gore par moment sans se cacher. Bien que dans un monde surréaliste, l'auteur essaie justement d'en introduire des éléments des plus réalistes afin de se sentir personnage et témoin de l'histoire.

Mais malgré que l'histoire se passe dans le futur, l'auteur ne peut s'empêcher de faire des références au passé, notamment la Grèce antique : le masque d'Apollon, la phalange, le fonctionnement de la politique, mais surtout le côté tragique de l'histoire. Comme malheureusement bien souvent dans des récits d'anticipation (cf. 1984, le meilleur des mondes...), l'histoire finit par tourner autour d'un triangle amoureux où le personnage féminin est coincée entre les feux de deux personnages masculins. Jusqu'à la toute fin de l'histoire, on pense se retrouver devant une romance digne d'un mauvais bouquin de vampire pour ado-prépubère, mais le dénouement dans l'avant dernier chapitre donne beaucoup de crédit à toute cette histoire. On remercie alors l'auteur de pas nous avoir pondu une relation à l'eau de rose qui fait bien souvent tâche aux oeuvres de science-fiction.

Malheureusement on ne peut plus pardonner à Dmitry Glukhovsky sa tendance à paraphraser certains moments qui n'ont peu voir aucune importance. Délires philosophiques, dialogues à rallonges, amour platonique... on doit s'accrocher pour passer ces épreuves qui ont fait défauts à la trilogie Metro, mais qui sont multipliés par dix ici. Ajoutez à cela un vocabulaire riche mais parfois diptérosodomique, ainsi que les souvenirs, les rêves, les flash-backs et les supputations du personnage, et vous passerez de grands moments d'effort pour finir un chapitre.

Heureusement, les quelques dernières pages nous récompensent de notre impétuosité tant c'est tellement inattendue et plaisant. Je ne m'attendais pas à ça, le livre finit ni en happy-ending ni en sad-ending, mais avec une fin parfaite et très bien amenée.

Au final, Futu.re est un très bon roman d'anticipation avec une histoire solide et des personnages attachants, malheureusement gâché par des longueurs multiples tout au long du livre qui gâche le plaisir. On pardonne Glukhovsky car après la trilogie Metro, après le superbe Sumerki et après le perturbant Texto, il a encore la capacité de créer un monde riche confectionné de ses mains d'artistes pour notre plus grand plaisir. Futu.re à toute sa place auprès de Blade Runer dans la catégorie adaptation cinématographique.

Créée

le 5 juin 2019

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Quentin Jarry

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