Titre hommage à ma douce qui m'a "forcé" à lire ce livre (Parce que c'est sa phrase préférée du bouquin et pas pour ce que cela représente bande de petit pervers!) "Forcé" est peut être exagéré mais tout de même, je sentais bien qu'elle m'aurait jeté le gant si j'avais refusé.
Roman d'aventure et accessoirement "fantasy", il est vrai que pour moi qui n'est pas trop client de ce genre de bouquin, j'ai pris mon pied. Non mais vraiment. Il y a tant de bons cotés à ce bouquin que je ne sais par lequel commencer.
Peut être pour moi la vraisemblance du récit est la première chose qui m'a fait entrer dans l'histoire. Il a beau y avoir de la magie, il n'en reste pas moins que je n'ai pas eu à faire à des dragons, des surhommes, des bestioles impossibles. Juste des Elfes et un peu de magie. Alors oui, la vraisemblance en prend un coup mais on est pas complètement dans le n'importe quoi qui souvent justifie tout. (Oui d'un seul coup un dragon surgi prêt à te bouffer et BIM une boule de feu géante l'anéantie suivie d'une transmutation en poisson-loup des forêts... Oui, je n'aime pas ça.) "Gagner la guerre" ce n'est pas ça. C'est bien mieux, ce sont des usages de magie spartiates, utile à l'histoire mais pas toutes les 3mn. Bref, j'ai aimé que mon Benvenuto doivent utiliser ses lames et sa gouaille pour s'en sortir car autant vous le dire c'est épique!
Car oui, cette histoire est épique, et à plusieurs titres. Combats, voltiges, fuites, flammes et autres fêtes, rien n'est mieux écrit que l'action. C'est lisible, compréhensible, claire et surtout pour un esprit cinématographique comme le mien un bonheur à imaginer sur pellicule. Je n'ai pu m'empêcher de lire la "scène" finale d'une traite, quitte à attendre d'avoir le temps de le faire tant le suspense est maitrisé que je n'aurais pu la couper pour la reprendre plus tard. On vit littéralement l'épopée de Benvenuto avec lui, ses esbroufes et ses croisements de fers avec moult intervenants, en esquivant les coups, en les prenant aussi avec lui. Plusieurs passages se lisent avec le souffle court et la fièvre de la ligne suivante est palpable. Peu d'auteur savent si bien magner la plume de l'action sans la rendre débordante et confuse. Encore une fois, "Gagner la guerre" c'est de l'action maitrisée et jouissive.
J'ai mentionné moult intervenants et c'est un autre point fort de ce livre. Tout personnage, même partiellement secondaire où même de fond de tableau a une vie, un caractère, une histoire. Et chaque personnage n'est pas une copie du précèdent, même s'ils ont presque le même rôle, leurs motivations sont différentes et leurs pensées aussi. En somme, une fresque de maître comme celle du Macromuopo dont on se délecte de chaque détails, et traits d'esprit de la part de chaque personnages. Et je ne parlais que de personnage de second plan, car les personnages principaux quant à eux sont ciselés comme j'en ai rarement vu dans des ouvrages de ce type. Attention, je ne cherche pas la description parfaite, mon imagination est assez bonne pour former les personnages avec quelque lignes mais je parle du caractère, des réactions qui s'enchainent chez les personnages qui sont toutes en parfaite adéquation avec ce qu'ils sont. Et même lorsque ces actions nous choquent par une incohérence vient alors l'explication de texte entre personnage qui rétablit la balance et nous fait entrevoir la justesse de telle ou telle choix.
J'en arrive à ce qui par dessus tout m'a fait mettre dix. Les explications de textes, les dialogues et surtout les manœuvres politiques. Benvenuto est truculent. Il n'y a pas d'autre mots, il se fend de mots incongrus et jouissif lors de duel verbeux qui sont un bonheur et l'on se demande surtout comment il ne fini pas encastrer par le premier venu avec un caractère pareil. Mais au delà de ce personnage haut en couleur qui vous fait voyager sur mille pages avec plaisir et avidité, j'ai aimé le Podestat Léonide Ducatore, employeur de Benvenuto et ponte parmi les pontes de la République. Le personnage est bon, mais les passages (non je ne spoilerais rien) d'explication politique, qu'ils soient courts ou plus étoffés sont juste géniaux. Un coup de maître. Cette pensée froide et réfléchie vous serre le bas de rein et vous fait jouir de sa complexité maladive. Vraiment, il n'y aurait que l'aventure, mais la vraie valeur ajouté de ce livre c'est son côté purement politique et la lutte de pouvoir dans le temps qui en fait un si bon bouquin.
Je ne pouvais pas juste noter cette œuvre. Il me fallait aussi la critiquer car, pendant encore longtemps, Benvenuto et toute la clique de Ciudalia vont me hanter le plus sympathiquement du monde dans mes réflexions et autres pensés fugaces. Il ne faut pas passer à coté de ce livre sous prétexte de son étiquette.
Alors merci à Chavia, ma chère et tendre, pour ce joli cadeau qui durant trois superbes semaines m'a tenu en haleine et m'a fait regretter les justes au corps et les pourpoints colorés, les dagues et les épées Acerini, le soleil sur le port et la gouaille d'un truand que j'adore.