"Le poète est comme la giroflée qui s'attache, frêle et odorante, au granit"
Aloysius Bertrand, poète malheureusement oublié par le commun des mortels, est pourtant le premier à introduire en France la poésie en prose, et fut acclamé par des grands, Baudelaire notamment. Dans Gaspard de la nuit, il décrit le monde moyenâgeux, ses contes, ses légendes fantastiques, son environnement qu'on imagine verdoyant, avec de grandes forêts et des gueux au langage pittoresque.
Ce sont, comme le sous-titre l'indique, de petites fantaisies, dans un style oublié, avec un vocabulaire soutenu mais une simplicité dans les histoires qui rendent accessible, paradoxalement, les poèmes.
Le plus intéressant, m'a-t-il semblé, dans Gaspard de la nuit, ce n'est pas les poèmes en eux-mêmes mais la préface : à travers un dialogue imaginaire, le narrateur raconte sa rencontre avec un homme qui a étudié ce qu'était l'art, et a tenté de le traduire dans Gaspard, qu'il offre au narrateur, lequel le publie. C'est une sorte d'ode au Moyen-Age, à la nature... Ca me parle personnellement plus que la poésie, parce que malgré mes efforts je ne suis guère touchée par la poésie. Ainsi, si j'ai trouvé Gaspard de la nuit assez intéressant et novateur, je n'ai pas réussi à plonger dans l'atmosphère pourtant si boueuse, pluvieuse, féérique et populacière d'Aloysius Bertrand. J'ai tout tenté. J'ai relu trois fois ses petites pièces, bribes de situations, inspirées et/ou agrémentées de citations ou proverbes. Sans succès.
Il y a des bouts charmants. C'est de la poésie novatrice, mais non seulement je n'aime pas la poésie, mais je n'ai pas trouvé la poésie susceptible de me plaire dans Gaspard de la nuit. Mais je suis allée au bout, et pour un amateur, au moins lire la préface emphatique, qui pose un climat, une vision de l'art poétique, ne peut être qu'enrichissant.