GB 84
7.6
GB 84

livre de David Peace (2004)

"Electricité...
Lumière crue de station-service. Vendredi 13 janvier 1984...
Elle porte une cigarette à ses lèvres, un briquet à sa cigarette.
Chien mort de faim devant chez son maître...
Il guette.
Elle avale la fumée, les yeux fermés. Elle la souffle, les yeux ouverts."

Habituellement, je ne manque pas d'extraire une petite pépite, un passage marquant de la lecture que je critique. Mais là, rien - j'en suis la première désolée. Rien d'autre à offrir que l'incipit.

Le thème pourtant ne manque pas d'attrait. David Peace nous plonge dans la grève interminable des mineurs, qui, sous Thatcher, se révoltent contre la lente désintégration de leur univers charbonneux. La grève certes mais pas toujours dans ce qu'elle a de plus glorieux, quel que soit le camp. Intimidations, magouilles au mieux. Agressions et meurtres au pire.

De la matière donc pour un récit épique, une chronique sociale haletante, domaine dans lequel excellent les Anglais, tant sur le papier que sur grand écran (Génialissime Brassed Off ! Mais ne nous égarons pas). Une intrigue d'un intérêt indéniable que David Peace mène d'une main de maître du début à la fin. Reconnaissons-le.

Malheureusement, le style est loin de m'avoir ravie. Répétitions, phrases courtes, listes : fatigue !
Les paragraphes narrant la vie intime des mineurs broyés par la grève sont interrompus, les autres se montrent parfois d'une brièveté remarquable. Loin de soutenir le rythme, ce format le casse.
Est-ce un roman ou un exercice de style ?
A noter que les nombreux acronymes, francisés, altèrent un peu plus la lecture.

Si l'ensemble marque positivement parfois par sa soudaineté, le ton cassant et le mot juste, la lassitude se fait souvent sentir. Et finalement persiste l'impression que n'avance guère le récit, même si les événements se succèdent à un train d'enfer tout au long des presque 700 pages.

Au salon du livre (histoire de frimer), j'ai eu l'occasion de feuilleter d'autres œuvres de David Peace dont la tétralogie du Yorkshire. Toujours les mêmes ficelles semble-t-il. "Un chien mort de faim". Le sujet aiguisait mon appétit. La lecture m'a laissée sur ma faim, tout en me gavant. Je m'octroie une (longue ?) période de jeûne avant de rouvrir un David Peace.
bilithys
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le 24 mars 2014

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bilithys

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