Certainement l'un des textes les plus importants en épistémologie. Une pensée riche et profonde, complètement passée inaperçue avant que Thomas Kuhn s'y intéresse 20 ans plus tard et le cite dans la préface de la Structure des révolutions scientifiques.
Fleck dévoile ici le visage humain de la science, sa nature sociale. Il démontre que les faits scientifiques sont avant tout construits par des groupes qui sont autant de collectifs de pensée s'affrontant sur des concepts, des pratiques particulières. S'appuyant sur son expérience en immunologie et sur le cas de la syphilis, il s'intéresse à l'évolution de ces collectifs de pensée pour théoriser la création de connaissance en s'appuyant sur la psychologie des chercheurs, les moyens à leur disposition et leur organisation sociale.
Paradoxalement, c'est en savant isolé, travaillant dans l'indifférence de ses pairs que Fleck fera naître cette théorie sur la connaissance. Un non-sens pour celui qui défend l'idée d'une science collective et réfute l'idée du génie isolé.
Les recherches de Fleck portant sur l'immunologie, un important bagage en biologie est nécessaire pour une immersion correcte dans la pensée de l'auteur.