Dans le monde des années 70, des milliards de spores d’origine extra-terrestre tombent sur la Terre. Rapidement, une plante, la Plante, se développe sur toute la surface, détruisant la nature, les cultures, et provoquant en quelques années l’écroulement des gouvernements, la disparition des villes et de la plus grande partie de l’humanité. Dans le village de Tassel, quelques survivants sont regroupés, sous le pouvoir autoritaire et religieux du vieil Anderson. Mais la situation empire de jour en jour.
Lire Génocides aujourd’hui, c’est avant tout trouver un portrait des Etats-Unis des années 60. Les survivants de cette catastrophe sont regroupés autour d’un clan réactionnaire et autoritaire pour lequel les femmes sont soit soumises soit salopes. Persuadés de la supériorité de leur clan, ils exécutent sommairement tout voyageur passant trop près qui ne leur serait pas utile. Recherchant toute vérité dans la Bible, le chef de clan est persuadé du caractère divin des évènements et pour chaque action cherche la métaphore religieuse s’y rattachant. Le caractère science-fictif du roman passe au second plan : si l’origine de la Plante et son envoi par une civilisation extra-terrestre ne fait pas de doute, ce n’est pas le sujet principal du récit. De même, si l’auteur utilise quelques clichés des romans post-apocalyptiques comme le cannibalisme, nous sommes loin du récit d’aventure ou l’Homme fait appel à toutes ses ressources pour triompher du Mal. Thomas Disch est là pour parler de cette Amérique qu’il a connue et peu appréciée mais qu’il sait rendre brillamment.
Roman fort et percutant, Génocides est une réussite intemporelle et c’est l’un des intérêts de cette réédition : nul doute que ce récit pourrait se dérouler dans l’Amérique actuelle sans beaucoup de changements. On ne peut que remercier Mnémos pour la republication de ce grand roman.