Gens de Dublin par Aunbrey
Livre lu en VO.
Je ne sais jamais trop comment aborder un recueil de nouvelles car ce genre défit tous les codes du roman. Je ne sais pas trop si je dois lire les nouvelles les unes à la suite des autres (ce que j'ai fait pour ce recueil-ci) ou si lire une nouvelle par-ci, une nouvelle par-là n'est pas une meilleure idée. Au contraire du roman, une nouvelle doit transmettre une émotion, un message en très peu de pages. L'auteur doit réussir à donner suffisamment de consistance à ses personnages pour que ces derniers soient crédibles et attachants. C'est un procédé vraiment compliqué et cela demande une grande habilité et maîtrise des mots de la part de l'écrivain.
J'ai eu du mal à réellement apprécier le recueil. Certaines nouvelles sont « obscures » dans le sens où un pan de l'histoire est implicite et sous-entendu, c'est au lecteur de comprendre ce qu'il se passe réellement et qui sont vraiment les personnages. J'étais bien contente de lire un petit résumé de chaque histoire à la fin de chaque nouvelle, sinon j'aurais manqué, plusieurs fois, des éléments importants dans celle-ci. Ce n'est pas que l'anglais soit particulièrement difficile même si certains mots sont un peu vieux, c'est simplement que certaines subtilités du texte demandent une seconde lecture.
Sur la quinzaine de nouvelles présentes dans le recueil, il y en a six que j'ai beaucoup aimé et notamment la célèbre et dernière nouvelle intitulée The Dead. J'ai adoré l'atmosphère de ces nouvelles. Très spécifique de l'époque, avec un côté très chaleureux tout en étant difficile à vivre au quotidien. Le fait qu'on ne se concentre que sur la classe ouvrière m'a énormément plu. D'habitude, je lis des histoires dans lesquelles les personnages sont d'une classe sociale supérieure, issus de famille riche. Ici, j'ai découvert une autre partie de la société où tout semble plus laborieux ; de ce fait, on remarque que les gens apprécient les petits instants de la vie, ceux plus tranquilles et moins pénibles.
J'ai adoré l'évolution des nouvelles. On commence par des narrateurs enfants pour finir par des narrateurs plus âgés et plus matures. On y voit clairement que les préoccupations ne sont pas les mêmes. Là où une adulte s'interroge et réfléchit sur la vie en générale, la mort, les problèmes inhérents à la famille ; les enfants, eux, sont plus inquiets de savoir s'ils vont se faire disputer pour avoir fait l'école buissonnière et pour avoir joué au cow-boy dans les rues de Dublin, on y découvre aussi leur premier amour. Le tout est teinté d'une certaine innocence alors que la vision adulte est plus franche et bouleversante, emplie de réalisme.
J'ai été quelque peu déstabilisée au début de ma lecture car les nouvelles comportent très peu d'action. Elles décrivent le quotidien des gens de la société de l'époque et leurs activités journalières. Ce sont des tâches effectuées chaque jour, on a parfois l'impression qu'il ne se passe pas grand chose dans leur vie et pourtant, ces nouvelles sont un parfait exemple de la vie de l'époque. Une fois qu'on s'est mis cette idée en tête, on apprécie à leur juste valeur le côté documentaire de ces nouvelles.
En conclusion, bien que certaines nouvelles demandent une lecture très attentive pour pleinement apprécier les subtilités de l'histoire, le recueil en lui-même se lit facilement. En quelques pages, on parvient à s'attacher ou tout du moins à comprendre les personnages. L'atmosphère industrielle et en perpétuellement activité de Dublin est vraiment plaisante et donne une impression de constante évolution.
Nouvelles préférées : Araby, Eveline, The Boarding House, A Painful Case, Grace, The Dead.