Joris-Karl Huysmans Huysmans a consacré un essai fort intéressant sur un personnage historique sulfureux, Gilles de Rais.
Cet essai a été publié en 1897. Huysmans s'est penché sur la ferveur chrétienne en l'abordant à l'envers, par la frénésie satanique, en vogue à la fin du XIXème siécle.
Le moyen âge, traversé par les guerres incessantes, les pandémies meurtrières comme la peste et la violence a vu nombre de ses contemporains se tourner vers l'occultisme et les ténèbres. Gilles de Rais en reste l'exemple le plus spectaculaire.
Orphelin à 9 ans, marié à 16, Maréchal de France à 25, la vie s'est accélérée très vite pour Gilles de Rais.
L'intéressé fut un ancien compagnon d'armes de Jeanne d'Arc dans la lutte contre les anglais.Les relations entre les 2 chefs de guerre demeurent assez mal connues. Une fois Jeanne d'Arc exécutée, le Maréchal est de retour au chateau de Tiffaugues où il mène grand train: spectacles fastueux, festins...Très vite au bord de la ruine, Gilles de Rais se tourne vers l'occultisme et vers Satan.
Aidé dans son entreprise par des occultistes célèbres (l'alchimiste italien Prélati...), il cherche la pierre philosophale au milieu des formules et des cornues afin de retrouver le chemin de la fortune, avant de décider de sacrifier des enfants.
Le seigneur endetté se transforme en prédateur
Pendant 8 ans, l'ogre de Tiffaugues exécutera 140 enfants des familles paysannes environnantes après leur avoir fait subir les pires sévices (Amputations énucléations, éviscérations et sodomies) dans les forteresses de Tiffaugues et de Machecoul, sans que pour autant d'ailleurs la fortune ne lui sourit....mais le révèle à lui même en temps que monstre et tortionnaire sadique. Huysmans considère que l'on sous estime le nombre de ses victimes qui serait proche de 600.
Protégé par son statut de seigneur féodal et en dépit des soupçons dont il fait l'objet, il continuera à sévir jusqu'à ce que l'Eglise catholique se préoccupe de son cas.
Sa naiveté n'ayant d'égal que le sentiment d'être intouchable, les mâchoires de la justice vont finir par se refermer sur le monstre.
Le clerc Jean de Ferron qui s'intéresse à lui sera emprisonné et molesté par le Maréchal, ce qui entrainera la réaction de son suzerain Jean V de Bretagne mais aussi des autorités ecclésiastiques. Emprisonné puis jugé, il sera excommunié par les autorités ecclésiastiques pour "hérésie, apostasie et évocation des démons". On s'apprête à le livrer à l'Inquisition pour lui faire subir "la question". Après avoir nié et rejeté la légitimité de la cour qui le juge, Gilles de Rais finira par se confesser et demander pardon aux familles pour l'assassinat de toutes ses petites victimes ...un pardon qu'il obtiendra.
Soulagé d'avoir évité l'excommunication, Gilles de Rais était en paix avec lui même et ne désespérait pas de trouver le chemin du Paradis...
Le pardon obtenu, Gilles de Rais ne fut finalement pas excommunié mais pendu et brûlé comme ses complices à l'âge de 35 ans le 26 octobre 1440.
A la lecture de ces faits historiques, on mesure le poids écrasant de l'ordre social de l'époque et pourquoi Gilles de Rais a pu agir si longtemps en toute impunité.
Gilles de Rais a inspiré l'écrivain français Charles Perrault pour son conte de fées, Barbe Bleue,
publié en 1697.
"Gilles de Rais était un grand seigneur, méchant homme..." (Huysmans)
Ma note: 7/10