Comment parler d'Ellis, cet auteur dont le but premier avec son oeuvre semble être de faire perdre pied à son lecteur, jusqu'à le faire disparaître ici ? Si faire disparaître son lecteur dans son expérience de l'oeuvre est un but que la bienséance pourra considérer comme recommandable à l'artiste, faisant ainsi du beau son but suprême, l'américain ne se gêne pas pour retourner l'idée sens dessus dessous, afin de plonger au plus loin dans le laid. Out is in. Compte tenu de la démarche, en parler est donc délicat, et ce n'est pas ses nombreux réfractaires qui me donneront tort.
Je n'en parlerai donc pas bien. Ou du moins superficiellement. Ce qui, compte tenu de Glamorama dont je sors de la lecture, ne paraît pas complètement insensé, et en même temps totalement absurde. Out is in.
Perdre pied jusqu'à la noyade pour disparaître ici. Remplir le trou béant de nos existences avec du vide, ça demande d'en mettre beaucoup. Dans un monde où le terrorisme international semble intimement lié aux prochaines élections dans des méandres labyrinthiques, la confiance envers le futur est éviscérée sur cinq pages, détails non désirés fournis. Le style (j'aurais bien écrit non-style si ça ne sonnait pas aussi cynique) hypnotise, nous détache du personnage pour, au final, nous coller au plus près de sa perception. Une perception tellement à la surface des choses que s'y poser sans s'y introduire, c'est déjà ne faire qu'un avec elle.
Voilà, je n'aurais rien dit du livre, c'est sans doute mieux comme ça, peu importe. J'aurais plongé avec Victor Ward dans la superficialité abyssale de la réalité, et avec lui j'aurais attendu les toutes dernières phrases pour enfin réussir à plonger plutôt dans le futur, ici une montagne un peu kitsch mais rayonnante. Pour reconnaître que si out is in, alors tout est permis, et que ce n'est sans doute pas aussi effroyable que ce que la société du spectacle laissait imaginer.