La vicomtesse de Grandlieu a un souci : mademoiselle sa fille (Camille de son prénom) est amoureuse d’Ernest de Restaud. Un jeune monsieur très beau, très bien qui serait parfait si madame de Restaud (une des filles du père Goriot) n’était pas sa mère : une femme peu recommandable qui a dilapidé la fortune de son époux. Et, naturellement, s’il était riche : ce qu’il n’est pas ! Deux tares insurmontables pour une vieille famille comme celle des Grandlieu. On ne saurait mélanger les torchons et les serviettes.
Derville, un avoué et ami de la famille entre alors en scène et se mêle à la conversation. Il reconnaît lui-même que ce n’est pas très délicat de sa part, mais ce qu’il a à dire est de la plus haute importance et susceptible de redorer le blason du jeune Restaud et (sans doute) de rendre possible un mariage qui, pour le moment, paraît bien mal engagé.
Derville conte alors l’histoire de Gobseck, un vieil usurier d’origine hollandaise, avare et riche. Et un peu ours sur les bords. Cet homme fut de son vivant en relation avec madame de Restaud et son amant. Relation d’affaire : le train dispendieux des tourtereaux a bientôt conduit à la ruine et à la mort monsieur de Restaud, l’époux. Après la succession, veuve et enfants furent également emportés dans la tourmente alors que Gobseck se retrouva à la tête des biens de la famille. Or, le misanthrope n’en était pas tout à fait un : à sa propre mort, il rendit au jeune Ernest son nom et sa fortune. Et si madame de Grandlieu s’accommode de l’encombrante belle-mère, le parti choisi par sa fille devient tout à coup fort attrayant.