Il est vrai qu'on n'apprend pas grand chose de neuf dans "Goldman" si l'on a par exemple lu comme c'est mon cas l'excellent ouvrage publié en 2014 par Eric le Bourhis, "Le mystère Goldman". Il n'en demeure pas moins que ce livre d'Ivan Jablonka se révèlera très instructif pour ceux qui, malgré leur connaissance du répertoire de Goldman, ne se sont pas forcément intéressé de près à son parcours.
Dans une interview, l'auteur a dit qu'il ne s'agissait pas d'un livre de fan, il a bien fait de le préciser tant son écrit s'apparente à une hagiographie du chanteur, mais les déclarations et le comportement de ce dernier durant sa carrière ne justifient-ils pas de le voir ainsi quasiment sanctifié ?
Ivan Jablonka souligne qu'il s'agit d'un livre qui cherche à comprendre le phénomène Goldman, celui du paradoxe d'un homme qui se revendique "minoritaire" , comme le titre de son 2° album sorti en 1983, et qui est pourtant si populaire. L'analyse sociologique peut prêter à discussion lorsqu'elle s'appuie par exemple sur le classement des personnalités préférées des Français. Ce marronnier que la presse se plaît à cultiver n'est-il pas risible lorsqu'on y relève plusieurs fois le nom de l'ô combien insipide Zinedine Zidane ? Les fans ne seraient-ils pas davantage séduits par la musique que par les textes qui les accompagnent ? On suivra plus aisément Jablonka quand il dénonce le mépris dont a été victime Goldman de la part des auto-proclamés intellectuels et plus particulièrement d'une presse se revendiquant de gauche pour laquelle tout succès populaire est suspect. On s'intéressera aussi au parallèle entre Jean-Jacques le social démocrate et son demi-frère Pierre le gauchiste, de sept ans plus âgé et dont il n'a jamais été proche, comparaison qui souligne un peu plus encore le côté "sage" du chanteur évoqué plus d'une fois tout au long du livre.
Un très agréable moment de lecture qui n'a pas plus été gâché par la réaction hostile de Jean-Jacques Goldman à la parution de cet ouvrage que par le matraquage promotionnel dont il a fait l'objet.