Roberto Saviano vient de passer les 26 ans quand son premier roman sort dans les librairies. Sa vie va basculer. Car s'il est bien un sujet difficile à traiter, ce doit être celui du crime organisé. Depuis 2006, il vit sous protection policière, ayant reçu des menaces de mort après avoir disséqué, exposé et finalement expliqué la mafia de Naples et de ses alentours.
Ce roman documentaire cultive une certaine dualité, le fond contre la forme.
En effet, ce qui est raconté est tout bonnement hallucinant, voire insoupçonné. Les différents systèmes camorristes sont décrits avec précision et objectivité, loin du glamour des films hollywoodiens. Rien n'est oublié, surtout pas le système de pensée nécessaire à la survie (éphémère) dans le milieu : fais tout pour réussir. Si il y a bien une chose qui caractérise la Camorra, c'est sa pensée. Le bien et le mal n'existe pas, il n'y a que la réussite qui compte. La fin justifie les moyens.
"L'éthique est le frein des perdants, la protection des vaincus, la justification morale de ceux qui n'ont pas su tout miser et tout rafler. La loi existe, sur le papier, mais la justice est autre chose. C'est un principe abstrait qui implique chaque homme et permet de condamner ou d'innocenter en fonction du sens qu'on lui donne."
Mais l'écriture n'est malheureusement pas à la hauteur du travail de fond. La lecture est parfois éprouvante avec des phrases sans fin, des listes de noms impossibles à retenir, quelques contradictions et répétitions.
En définitive, ce roman n'est pas toujours une partie de plaisir mais est une nécessité à lire si l'on veut comprendre les dynamiques économiques et sociales italiennes.