Au bout du quatrième volume, la formule Kenzie-Gennaro commence a produire moins d'effet sur moi. Un peu d'usure de ma part, sans doute, quoiqu'il faille relativiser : ça reste très bon. Mais le plaisir de la découverte s'estompe un peu, cela valant peut-être aussi pour Lehane : quatre bouquins en quatre ans, ça représente tout de même une sacrée productivité et des cadences de travail probablement très intenses. Mais, sans doute, a-t-il senti le truc, puisqu'il nous a concocté un final susceptible de mettre un peu de piment dans l'enchainement de ses enquêtes, certes morbides, mais qui en deviennent un brin répétitives. Un teaser pour vendre le cinquième, également ? Oui, sans aucun doute...
Parce que ce bouquin a quasiment toutes les qualités, ainsi que la tonalité, des trois précédents : rythme, humour, coups de théâtre, sensibilité sociale, personnages (ici, tribute de ma part pour l'inénarrable Bubba Rogowski, à qui j'avais omis de rendre hommage dans mes trois critiques précédentes). Noirceur également; en dehors de nos deux héros, les chances de survie des personnages de Lehane sont très faibles : le taux de mortalité dans ses bouquins est infiniment plus élevé que celui du Covid-19. Point commun par contre : ceux qui s'en tirent en gardent des séquelles physiques et/ou psychologiques.
Un peu en dedans, cependant, l'intrigue : trop tarabiscotée, parfois peu compréhensible tellement ça part dans tous les sens, avec une intrication des relations entre protagonistes, dont les motifs des actes échappent parfois à la compréhension, à moins d'y réfléchir à deux, voire trois fois. Mais il y a aussi un petit plus, cette réflexion qui apparait à la fin sur l'antagonisme entre les lois de la société et la morale individuelle. Ce qui nous fait une fin plutôt réussie, même quand on n'a pas très bien compris pourquoi et comment tout un chacun en est arrivé là où il est.
A suivre, car je me suis déjà procuré le cinquième épisode, avant même d'avoir découvert le teaser dont je parle au début de ma chronique. Paru un an après celui-ci, espérons que Lehane aura trouvé le temps de prendre un peu l'air avant de se mettre à la rédaction...