Quatrième roman de la série des Gorilles d'Antoine Dominique publié dans la Série Noire en 1955 …
Contrairement à ses trois romans précédents dont le sujet concernait des activités d'espionnage avec des puissances étrangères, là, l'action se passe quelque part dans le Sud-Est à proximité de la Durance aux confins des Bouches du Rhône et du Vaucluse.
Des phénomènes étranges se produisent chez des fermiers ; des granges brûlent spontanément et le bétail meurt inexplicablement. Les administrations locales, impuissantes, se renvoient la balle. Tandis qu'un industriel replet, brun, petit, la peau huileuse, plein d'entregent, intrigue pour exproprier en douce ces fermiers qui ont tous ces problèmes. En effet, l'industriel a des projets d'extraction de cuivre sur ces mêmes terres qu'il compte mener à bien en se débarrassant de ces bouseux …
De là, à dire qu'il y a relation de cause à effet, il y a un pas que les Services Spéciaux n'hésitent pas à franchir puisqu'ils se décident, non sans peine, à envoyer sur place Berthier et surtout, en arrière-plan, Geo Paquet, dit le Gorille. Non sans peine ? Oui, parce que les services centraux, la DST d'une part et les Services Spéciaux (ancêtre du SDECE) d'autre part, se foutent sur la gueule. La DST s'estime seule compétente sur le territoire national mais commence à deviner que quelque chose en rapport avec l'industriel et une société étrangère se cache sous ces évènements funestes. À contre-cœur, elle finit par passer la main aux Services Spéciaux. Qui eux, savent déjà. Car ils connaissent bien le pedigree du fameux industriel qui gérait autrefois une plantation d'hévéas en Indochine et qui fricotait en douce avec le Viet-Minh. Et en plus, il est revenu sur le territoire national accompagné d'une sulfureuse et troublante femme, Miss Guhanh…
On reconnait entre mille la patte d'Antoine Dominique dans ce roman où on retrouve toujours les mêmes inamovibles personnages que sont Berthomieu dit le Vieux, chef des Services Spéciaux, Berthier, agent secret de première ligne et de second ordre "t'es un con, Berthier", Géo Paquet l'effrayant et patibulaire gorille et sa femme Chaboute.
À l'époque, tous ces romans (il y en a une quarantaine) avaient connu pas mal de succès parce que les gens devaient les lire comme les éléments d'une série. En 1955, il y a eu pas moins de 8 "Gorilles" publiés. Aujourd'hui, les problématiques paraissent désormais un peu lointaines et le style d'écriture a un peu vieilli.
Cependant, la note restera positive pour moi car je ne déteste pas ce style qui manie aisément le second degré.