Ce premier roman pêche malheureusement par le style. Le pari était risqué : se mettre dans la peau d'un banlieusard et reproduire son phrasé sans perdre en qualité d'écriture est sûrement un exercice d'équilibriste des plus périlleux. Le pari n'est pas vraiment tenu : vocabulaire réduit à peau de chagrin, images éculées et constructions assez pauvres. Tout le monde n'a pas le talent de Céline. Mais ce n'est pas un échec pour autant car le lecteur est assez bien tenu en haleine par le développement de l'histoire et la narration à deux voix et à contre-temps. Quant aux problématiques traitées, de l'intégration à l'intégrisme, elles ne trouvent pas de développements intellectuels originaux. On parcourt donc plus les pages pour connaître le dénouement. Peut-être porté par ce même voyeurisme morbide qui consiste à regarder les vidéos d'attentats. Et pour le coup, la conclusion tient ses promesses, c'est la vraie réussite de Mahir Guven.