Gus, la cinquantaine, a passé sa vie à trimer pour maintenir seul l’activité de sa ferme, isolée aux marges d’un village perdu des Cévennes. Grand solitaire, il ne fréquente guère que son voisin Abel, septuagénaire, lui aussi seul à la tête de son exploitation agricole, avec qui il échange coups de mains et coups de rouge. L’immuable quotidien des deux hommes va soudain connaître d’indésirables et inquiétantes perturbations, au fil d’événements et de visites qui vont bientôt tout faire basculer.
Franck Bouysse est une valeur sûre, dont je ne me lasse décidément pas. Sa marque de fabrique, c’est d’abord une histoire noire et terrible, aux personnages farouches et taiseux, cabossés par la vie et les épreuves, vivant dans un décor de nature aussi âpre que somptueux. C’est aussi le plaisir de la langue et du juste choix des mots, au fil de dialogues saisissants de vérité et d’images admirablement restituées.
Grossir le ciel réunit tous ces ingrédients pour nous surprendre une nouvelle fois : tout de suite intrigant et installant une tension qui ne fera que croître dans un enchaînement que rien ne laissait présager, ce récit au réalisme époustouflant nous entraîne aux côtés de personnages campés avec une grande finesse d’observation et d’analyse psychologique, dans un huis-clos rural angoissant où méfiance et soupçons s’exacerbent jusqu’à l’implosion.
L’écriture est quand à elle impressionnante de maîtrise, sobre, juste, magnifique. Alors, quand la puissance du style rejoint celle de l’histoire et de ses personnages, cela ne peut résulter qu’en un moment fort et incontournable, un immense coup de coeur.
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